Yto Barrada
Balcon Bettina
Commissariat, Clément Dirié
Le Festival d’Automne à Paris est producteur de cette exposition, en collaboration avec le centre d'art Immanence
Avec le concours des galeries PACE Gallery ; Galerie Polaris, Paris ; et Sfeir-Semler Gallery, Beyrouth & Hambourg
Avec le soutien de Sylvie Winckler et du Fonds Meyer Louis-Dreyfus
Première présentation à Paris de l’œuvre de Bettina (1927-2021, née Bettina Grossman), cette exposition témoigne de l’admiration de Yto Barrada pour la pratique hypnotique et autodidacte de cette artiste rare, figure « excentrique » du New York des années 1970-1980. Depuis leur rencontre en 2015, elle se consacre à la reconnaissance et l’archivage de son œuvre polymorphe, très peu visible jusqu’à la fin des années 2010 si ce n’est lors d’une exposition à la célèbre OK Harris Gallery (New York) en 1980. En 2022, en collaboration avec Gregor Huber, Yto Barrada publie la première monographie sur Bettina (Atelier EXB) à l’occasion des Rencontres de la photographie d’Arles.
Recluse à l’Hôtel Chelsea depuis 1972, suite à l’incendie en 1966 de son atelier new-yorkais qui détruisit toute sa production – notamment celle de ses années européennes –, Bettina a élaboré, à l’abri des regards, un corpus singulier et prolixe composé de séries photographiques processuelles, de sculptures et films conceptuels, de dessins et de partitions textuelles. « La seule façon de faire de si belles choses, c’est de se couper de la réalité, de ses amis, du présent désordonné. Quand vous vous isolez, vous permettez à l’énergie divine de circuler », affirmait-elle. Elle est l’auteure d’une œuvre puissamment visuelle, à la fois rigoureuse et géométrique, transcendantale et poétique, en prise directe avec les avant-gardes du XXe siècle. Pour l’un de ses principaux corpus intitulé The Fifth Point of the Compass/New York From A to Z, Studies in Random Constant, Fixed Focus–Time Lapse (1977-1985), elle photographie les passantes et passants depuis le balcon de sa chambre au cinquième étage de l’Hôtel Chelsea puis organise les milliers de clichés en fonction de catégories diverses (rouge, pluie, vélos, lecteur, etc.), donnant ainsi forme à une fascinante grammaire urbaine.
L’exposition présente un ensemble représentatif des nombreuses pratiques de l’artiste – film, photographies, sculptures, œuvres sur papier, peintures au scotch, collections de mots – mais aussi des vitraux et une tapisserie réalisés au début des années 1970, récemment retrouvés et montrés ici pour la première fois. Née et élevée à New York, Bettina vécut une première fois en Europe entre 1957 et 1965 où elle collabora notamment avec Knoll Associates, Liberty et la William Morris Society, puis une seconde fois en 1970-1972 où elle travailla alors avec les ateliers Loire (vitraux) et Pinton (tapisserie). Quand elle vivait à Paris, Bettina résidait boulevard Raspail, non loin du centre d’art Immanence.