Salvatore Sciarrino, Igor Stravinsky
Igor Stravinsky, Monumentum pro Gesualdo da Venosa ad CD annum, en trois mouvements (1960)
Salvatore Sciarrino, Love & Fury (Songbook from Stradella), création mondiale
Igor Stravinsky, L’Oiseau de feu, version 1910
Barbara Hannigan, soprano
Orchestre Philharmonique de Radio France
Pablo Heras-Casado, direction
Nathan Mierdl, violon solo
Radio France et le Festival d’Automne à Paris présentent ce concert en coréalisation
Avec le soutien de l’Institut Culturel Italien de Paris
Concert diffusé en direct sur France Musique
Dans quelle histoire musicale s’inscrire ? Stravinsky et Sciarrino, en miroir, puisent à un passé proche ou lointain et se choisissent des maîtres, Gesualdo ou Stradella, dans l’existence desquels rôdent la violence meurtrière et l’ancienne odeur de sang. Alors les voix du temps jadis s’élèvent autrement et nous apparaissent absolument contemporaines.
Au cours de l’hiver 1909-1910, Stravinsky entreprend à 27 ans son premier ballet, L’Oiseau de feu. Parmi pommes d’or et plumes chatoyantes, un jeune prince, de sa pitié, y terrasse un ogre aux griffes vertes, Kachtcheï, et libère ses captives. D’anciens récits russes, des contes de fées et le souvenir du Coq d’or, opéra de Nikolaï Rimski-Korsakov dont Stravinsky avait été l’élève, traversent ce « conte dansé » aux couleurs harmoniques et orchestrales devenues légendaires. Si, comme Stravinsky, Salvatore Sciarrino a élaboré des madrigaux de Carlo Gesualdo, Love & Fury se consacre à un autre musicien, Alessandro Stradella, à son oratorio San Giovanni Battista (1675) et à son dernier opéra Il moro per amore (1681), que ce personnage fantasque ne put entendre du fait de sa mort tragique, à Gênes, sous les coups d’un tueur à gages. Sciarrino célèbre dans ce « songbook » la modernité de ses lignes, de son chant et de ses formes, quand les toiles d’alors se couvraient de Salomé capricieuses, extatiques, à l’érotisme vénéneux.