György Ligeti
Le Grand Macabre
Le Grand Macabre
Opéra en deux actes (1978), version concert
Première représentation de la version finale de 1996 en français
François-Xavier Roth, direction
Orchestre National de France
Chœur de Radio France – Lionel Sow, chef de chœur
Maîtrise de Radio France – Sofi Jeannin, cheffe de chœur
Arnaud Arbet, traduction et assistant musical
Joël Soichez, assistant musical
Benjamin Lazar, mise en espace
Robin Adams, baryton-basse – Nekrotzar
Andrew Watts, contre-ténor – Prince Go-Go
Lucile Richardot, contralto – Mescalina
Olivier Gourdy, baryton – Astradamors
Sarah Aristidou, soprano – Chef de la Gepopo / Venus
Judith Thielsen, mezzo – Amando (Spermando)
Marion Tassou, soprano – Amanda (Clitoria)
Matthieu Justine, ténor – Piet The Pot
Paul Curievivi, ténor – Ministre Blanc
Charles Rice, baryton – Ministre Noir
Solistes du Chœur – Ruffiack, Schobiack, Schabernack
Radio France et le Festival d’Automne à Paris présentent cet opéra en coréalisation
Concert diffusé en direct sur France Musique
Librement inspiré de La Balade du Grand Macabre (1934) du dramaturge belge Michel de Ghelderode, l’unique opéra de György Ligeti est un coup de maître, une « farce noire », entre burlesque et tragique. L’éclat de rire, mêlé d’effroi, qu’il provoque, raille une mort en déroute et nous promet un sursis, sinon une vie éternelle, faite de joie et de plaisirs.
Baroque, démoniaque, déclinaison de Dracula, Nekrotzar, tsar ou saltimbanque de la mort, annonce la destruction imminente du monde, le Jugement dernier. Mais le glas ne sonnera pas, et le « grand geste d’extermination » sera mis en échec par le vin, qui n’a du sang que la couleur. Ligeti accumule ici les modèles anciens : le carnaval, la farce médiévale, le monde rabelaisien, paillard, sinon obscène, le théâtre de marionnettes, la bande dessinée et ses personnages éructant injures ou diatribes… On y boit, mange, fornique, avec plus ou moins de perversion. Et l’on y craint les sonneries de l’Apocalypse, les squelettes dansants et la faux qui moissonne toute vie. De ce disparate, de ces collages, participent le livret, ses expressions latines fautives et ses citations tronquées de saint Jean, les timbres singuliers de l’orchestre (klaxons, sonnettes, sirènes et autres harmonicas), les allusions et les citations de soi-même, comme de Monteverdi, de Verdi et de Mozart, qui savaient donner vie, par la musique, aux caractères et aux situations. On songe aussi à Bosch ou au porc à moitié découpé et pourtant gambadant dans le Pays de Cocagne de Brueghel. Une catharsis, pour purger les terreurs de l’Histoire et de nos existences.