Emmanuel Nunes Vicente Lusitano Manuel Cardoso

Archive 2022
Musique

Emmanuel Nunes, Versus III, pour flûte en sol et alto (1987-1990)
Vicente Lusitano, Heu me domine pour chœur (1553)
Emmanuel Nunes, Omens II pour ensemble (1972)
Manuel Cardoso, Introit de la Missa pro defunctis pour chœur (1625)
Emmanuel Nunes, Minnesang pour douze voix mixtes (1975-1976)
Ensemble Les Métaboles 
Ensemble Multilatérale
Léo Warynski, direction

Coréalisation Théâtre de la Ville-Paris ; Festival d’Automne à Paris

Manifestation organisée dans le cadre de la Saison France-Portugal 2022
Avec le soutien de LVMH, membre du Comité des mécènes de la Saison France-Portugal 2022

Il s’agit d’une traversée de l’histoire de la musique portugaise, depuis l’âge d’or de sa polyphonie, audacieuse ou séraphique, jusqu’à la figure majeure d’Emmanuel Nunes. Ses timbres moirés évoquent les peintures de Vieira da Silva, tandis que les voix a cappella empruntent au théosophe Jakob Boehme et entonnent un dense chant d’amour.

Emmanuel Nunes (1941-2012) revendiquait une conception de l’écriture comme organisme vivant. Dans Versus III, un duo fusionne ou se scinde, magnifiant une ligne, la vigueur des rythmes, la souplesse de la forme et la variété des modes de jeu. Réécriture d’une œuvre antérieure, Omens II désigne, par son titre, en français les « présages », en portugais les « hommes ». Un humanisme fait des riches couleurs et textures. Et par le son, au travers duquel toutes les autres qualités s’expriment, Minnesang décline le thème spirituel de la faculté de nommer. On ne sait rien ou presque de Vicente Lusitano, sinon qu’il serait né à Olivence ( ? – 1561), qu’il est sans doute le premier compositeur noir publié dans l’histoire de la musique et que son motet Heu me domine, aux chromatismes hardis, figurait en appendice d’un traité publié à Rome en 1553. Quant à Manuel Cardoso (1556-1650), dont l’essentiel de la carrière se déroula entre les murs du Couvent des Carmes de Lisbonne, nombre de ses œuvres ont été détruites lors du tremblement de terre de 1755. Mais il nous reste des merveilles, dont cet ­Introit au style sublime, fidèle aux règles séculaires et comme éternelles du contrepoint.