Béla Bartók  / Olga Neuwirth  / Zoltán Kodály

Archive 2020

Béla Bartók
Concerto pour piano et orchestre nº3 en mi, BB 127
Olga Neuwirth
Masaot, Clocks Without Hands (création française)
Zoltán Kodály
Danses de Galanta
Orchestre Philharmonique de Radio France
Francesco Piemontesi
, piano
Aziz Shokhakimov, direction
Coréalisation Radio France (Paris) ; Festival d’Automne à Paris
Le nouveau programme de ce concert est diffusé en direct sur France Musique

Olga Neuwirth, « Voilà une artiste parmi les plus créatives et anticonformistes de notre temps. » La Croix

Suite au confinement annoncé mercredi 28 octobre pour faire face à l’aggravation de la crise sanitaire, nous devons malheureusement annuler ce concert.
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Le concert initialement pensé devait être diffusé en direct sur France Musique mais la distanciation entre les pupitres des musiciens imposée par la pandémie nous obligent à renoncer à l’œuvre d’Olga Neuwirth, Masaot / Clocks Without Hands. Composée en 2015, l’œuvre fait appel à un imposant dispositif de percussions et à un grand nombre d’instruments à cordes. L’effectif se revèle impossible à intégrer, avec les contraintes sanitaires actuelles, sur la scène de l’Auditorium. Nous espérons programmer à nouveau cette œuvre au cours d’une saison prochaine, en maintenant la collaboration entre l’Orchestre Philharmonique de Radio France et le Festival.

Programme diffusé le 20 novembre à 20h en direct sur France Musique ici
Avec : Orchestre Philharmonique de Radio France
Francesco Piemontesi, piano
Aziz Shokhakimov, direction
Georges Enesco : Rhapsodie roumaine n°1 en la majeur, op. 11 n° 1
Béla Bartók : Concerto pour piano et orchestre n°3 en mi majeur, BB 127
György Ligeti : Concert românesc
Zoltan Kodaly : Danses de Galanta
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La longue pièce orchestrale d’Olga Neuwirth découle d’un rêve : elle aperçoit son grand-père qui se tient dans un pré ensoleillé et lui passe des lieder sur un vieux magnétophone – « écoute-les », dit-il, « ils racontent toute mon histoire, celle d’un marginal qui s’est toujours senti déplacé dans son environnement autrichien ! ». Originaire d’une ville portuaire tantôt vénitienne, tantôt sous influence croate et hongroise, la figure de l’ancêtre est dessinée par des fragments mélodiques évoquant les différentes stations de sa vie, régulièrement interrompus par la sèche scansion d’un tic tac métronomique. Ce flux mahlérien doit être écouté « comme si l’on entendait quelque chose de rêvé, comme si soi-même, l’on rêvait en écoutant ». Cette « réflexion poétique sur l’effacement des souvenirs » thématise ainsi la question de l’identité, jamais stable, saisie à travers l’itinérance, le voyage (« masaot », en hébreu), au sein de ce monde du Danube traversé par Claudio Magris. C’est vers la Mer noire que s’écoule cette musique, écrite par une compositrice qui se sent « libre enfin d’écrire ce qu’elle veut », liberté rapprochée par elle de « l’homme sans qualités » de Musil.
Masaot est éclairé ici par des œuvres qui affirment ou questionnent les identités nationales. Comme chez Béla Bartók, où la tension entre le surmoi beethovénien, les mélodies du terroir et les chants d’oiseaux qui, dans le mouvement lent du Troisième concerto, ainsi que les Danses de Galanta de Zoltán Kodály, faites d’airs parfois nostalgiques, toujours indomptés, disent mieux que l’homme la liberté.