Timofeï Kouliabine
Les Trois Sœurs
d’Anton Tchekhov
5 – 15 octobreoct.
Mise en scène, Timofeï Kouliabine
Avec Ilya Muzyko, Claudia Kachusova, Valeria Kruchnina, Irina Krivonos, Daria Yemelyanova, Linda Akhmetzyanova, Denis Frank, Pavel Polyakov, Anton Voinalovich, Konstantin Telegin, Andrei Chernykh, Alexei Mezhov, Sergei Bogomolov, Sergei Novikov, Elena Drinevskaya
Scénographie, Oleg Golovko
Lumières, Denis Solntsev
Enseignant langue des signes, Galina Nishchuk
Assistante mise en scène, Natalia Yarushkina
Production Théâtre “Krasnyi Fakel” (la Torche rouge) – Novossibirsk // Coréalisation Odéon-Théâtre de l’Europe (Paris) ; Festival d’Automne à Paris // Avec le soutien de l’Adami et de l’Onda // En partenariat avec France Inter // Spectacle créé le 11 septembre 2015 au Red Torch Theatre de Novossibirsk
Timofeï Kouliabine, figure-phare de la jeune génération du théâtre russe, met en scène Les Trois Sœurs... en langue des signes. Et ce faisant, il réussit le tour de force de nous faire entendre le monumental texte de Tchekhov comme pour la première fois, dans toute sa force et sa grandeur.
Enfant prodige de la scène théâtrale russe, Timofeï Kouliabine n’aura finalement pas suivi le conseil d’Oleg Koudriachov, son professeur à l’Académie de Moscou, qui suggérait à ses élèves d’attendre vingt ans avant d’aborder Tchekhov. À 31 ans, après notamment un Eugène Onéguine d’anthologie, le metteur en scène du théâtre de Novossibirsk s’attaque ainsi au monument national à travers Les Trois Sœurs, avant-dernière pièce du maître. Et il le fait pour réaliser du même coup un vieux rêve : celui de monter une pièce en langue des signes. Le résultat est sidérant. Pas seulement en raison de la pertinence dramaturgique qu’il y a à associer l’univers clos des sœurs Prozorov, désespérément exilées loin de Moscou, à la perception que peuvent avoir les personnes sourdes-muettes d’un monde extérieur souvent hostile. Mais aussi parce qu’en le réduisant au silence, Timofeï Kouliabine rend toute sa résonance et sa force à ce texte « usé » qui, à force d’avoir été dit par des générations de comédiens depuis sa création en 1901 par Stanislavski, risquait de devenir inaudible. Les gestes des acteurs, suivant la chorégraphie des surtitres qui défilent sur l’écran, permettent à chacun de faire résonner en lui les mots de Tchekhov, et de se réapproprier ce fameux « sous-texte » dont ils sont porteurs. Kouliabine a réussi son pari : au-delà des sœurs Prozorov, il nous offre « un spectacle sur la grandeur de ce texte ».
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