Philippe Quesne

Jadis occupé à observer et collectionner les insectes, pratique qu’il a aujourd’hui transformée en activité théâtrale, Philippe Quesne parle de ses pièces en terme de microcosme, de laboratoire et d’organismes vivants. Ainsi, de La Mélancolie des dragons à Swamp Club (présenté l’an passé au Festival d’Automne à Paris), propose-t-il d’insolites environnements qu’il nous invite à contempler, comme depuis un microscope, avec une patience amusée. Impossible, dans ce contexte, de parler de « personnages » puisque Philippe Quesne n’a jamais demandé à un acteur d’interpréter quiconque hormis lui-même. Sans doute est-ce pour cette singularité que le Centre d’art CAMPO de Gand lui a proposé d’imaginer une pièce avec des enfants, alimentant ainsi un répertoire qui compte aujourd’hui des pièces d’Alain Platel, Tim Etchells ou Gob Squad. La tranche d’âge que Philippe Quesne a retenu n’est pas innocente : âgés de 8 à 11 ans, les treize enfants réunis pour Next Day traversent une rapide période de métamorphose qui les mène en un souffle de l’enfance à la découverte du monde adolescent. Une période où règnent le plaisir de l’instant, l’insouciance du futur et l’épanouissement dans une pratique artistique. Sur le plateau, treize petits individus, plus ou moins danseurs, plasticiens et musiciens, forment une étrange communauté. Sont-ils des enfants abandonnés ? Des enfants perdus ? Insouciants aujourd’hui, qui seront-ils dans la société que nous leur préparons pour demain ? Et si on les imaginait, comme ils l’ont proposé à Philippe Quesne, en apprentis super-héros, réunis dans un institut pour sauver le monde ?