Trajal Harrell
Antigone Sr. / Twenty Looks or Paris is Burning at The Judson Church (L)
Antigone Sr. / Twenty Looks or Paris is Burning at The Judson Church (L)
Avec Trajal Harrell, Stephen Thompson, Thibault Lac, Rob Fordeyn, Ondrej Vidlar
Décors, Erik Flatmo
Lumière, Jan Maertens
Son, Robin Meier et Trajal Harrell
Dramaturgie, Gérard Mayen
Coproduction New York Live Arts ; Centre national de danse contemporaine-Angers ; Centre chorégraphique national de Franche-Comté (Belfort) // Coréalisation Les Spectacles vivants – Centre Pompidou (Paris) ; Festival d’Automne à Paris //Avec le soutien de The Jerome Foundation, The Multi-Arts Production Fund, and the Joyce Mertz-Gilmore Foundation. // Avec le soutien de WpZimmer (Anvers), Workspace (Bruxelles), Pact Zollverein (Essen), Dansens Hus (Stockholm) // Spectacle créé le 25 avril 2012 au New York Live Arts
« Que se serait-il passé si en 1963, la scène du voguing de Harlem avait rencontré celle de la danse post-moderne à la Judson Church ? ». De cette fiction de départ, Trajal Harrell a tiré une série de spectacles de tailles et de formats différents – allant du XS au XL – et développant chacun un nouage spécifique entre ces deux mouvements a priori éloignés. Si le voguing, né dans la communauté noire homosexuelle, a repris à son compte les codes vestimentaires et les attitudes de la société dominante pour les détourner, les chorégraphes de la Judson Church cherchaient à travers l’analyse du mouvement une mise en critique des conventions spectaculaires. Le voguing et la danse post-moderne ne cherchent-ils pas tous deux à atteindre une forme de « realness », au moyen d’une déconstruction radicale des codes – que ce soient ceux du genre ou de la représentation ?
Entremêlant les questions esthétiques et politiques, Trajal Harrell nous offre ainsi un regard volontairement « impur » sur les influences hétérogènes qui travaillent la danse contemporaine.
La taille (L) déplace une nouvelle fois l’angle de lecture pour proposer un écart maximum : peut-on remonter le théâtre grec en faisant appel aux codes du voguing ? L’assimilation par cette danse de référents culturels allant des hiéroglyphes égyptiens aux postures de mannequin offre un biais pour approcher le contexte performatif antique – où les poses, le travestissement et la démesure étaient autant de stratégies servant à réfléchir l’état de la Cité. En traitant la figure d’Antigone – femme prenant position contre les lois, Antigone Sr. active un point de perturbation politique aussi bien que sexuel et formel : voguer Antigone au filtre de la Judson Church, pour réinventer un devenir physique plein d’ambiguités, injecter de nouvelles significations dans notre vision de l’Histoire.
Car le plus grand écart ne permet-il pas d’atteindre le plus grand effet de réalité ?
Dans le même lieu
Mathilde Monnier Territoires
Investissant les galeries du Centre Pompidou le temps d’un week-end, Mathilde Monnier propose avec Territoires un travail sur la mémoire et la circulation, comme « une collection de 30 ans de gestes issus de ses créations ». Une façon de faire jouer la mémoire au présent, dès maintenant, ou par anticipation.
Apichatpong Weerasethakul Rétrospective intégrale des films et vidéos
Apichatpong Weerasethakul présente la rétrospective intégrale de ses films au Centre Pompidou : ses huit longs métrages, la trentaine de films courts (et rares) qu’il a réalisés, des œuvres collectives ainsi que deux longs métrages dont il est le producteur.
Apichatpong Weerasethakul Particules de nuit
Le cinéaste thaïlandais Apichatpong Weerasethakul est l’invité du Festival d’Automne et du Centre Pompidou. Il expose une dizaine d’installations vidéos qui transforme l’ancien solarium en un espace nocturne habité par les réminiscences biographiques et architecturales.
Apichatpong Weerasethakul A Conversation with the Sun (VR), extended edition
Seconde incursion du cinéaste thaïlandais dans le domaine de la performance, A Conversation with the Sun (VR), extended edition, présentée à Paris dans une nouvelle version enrichie d’une troisième partie, fabrique à l’aide de la réalité virtuelle les conditions d’un rêve collectif.
Ligia Lewis Still Not Still
La chorégraphe Ligia Lewis poursuit avec Still Not Still sa réflexion sur les silences et les zones d’ombres de l’Histoire. Dans cette pièce, les interprètes rejouent en boucle une partition dont la dimension burlesque ne fait que souligner le tragique.
Forced Entertainment Signal to Noise
La compagnie menée par Tim Etchells fête ses quarante ans d’existence et n’en finit pas de se renouveler. Plongés dans une réalité virtuelle qui vacille, six comédiennes et comédiens se voient dépossédés de leurs voix, et de leur être. C’est à ne plus rien y comprendre… Bienvenue dans ce nouveau monde.
Sébastien Kheroufi Par les villages
C’est au balbutiement de son parcours artistique que Sébastien Kheroufi découvre Par les villages, de Peter Handke qui évoque le retour d’un écrivain dans son village natal. Dans ce contexte crépusculaire où un univers décline au profit d’un autre, s’élèvent les voix des « offensés et humiliés » qui autrefois se taisaient.