George Benjamin / Martin Crimp
Written on Skin
16 – 19 novembrenov.
Written on Skin
George Benjamin // Texte, Martin Crimp
The Protector, Christopher Purves
Agnes, Barbara Hannigan
Angel 1 – The Boy, Iestyn Davis
Angel 2 – Marie, Victoria Simmonds
Angel 3 – John, Allan Clayton
Avec David Alexander, Laura Harling, Peter Hobday, Sarah Northgrave
Mise en scène, Katie Mitchell
Scénographie et costumes, Vicki Mortimer
Lumière, Jon Clark
Orchestre Philharmonique de Radio France // Direction, George Benjamin
Commande et coproduction du Festival d’Aix-en-Provence, du Nederlandse Opera Amsterdam, du Théâtre du Capitole de Toulouse, du Royal Opera House Covent Garden London
Coréalisation Opéra Comique (Paris) ; Festival d’Automne à Paris
En partenariat avec France Inter
Une courte prose occitane du XIIIe siècle, une razo, rapporte la légende de Guillem de Cabestanh, un troubadour dont Pétrarque, au siècle suivant, glorifia l’art et dont Boccace relate aussi le destin tragique : un poète s’est épris de la dame d’un riche et mauvais seigneur qui, apprenant la trahison, le tue, lui fait trancher la tête et découper le coeur qu’il sert en repas à sa dame. Stendhal traduit cette légende dans De l’amour. Martin Crimp l’associe aujourd’hui non plus à un poète, mais à un enlumineur. Car les mots, dit-il, sont des images invitant, dans leurs interstices, à la musique ; et l’enluminure donne forme à l’oeuvre, suite de cadres contenant et glaçant la passion amoureuse par des cuts cinématographiques.
Le récit est ici confié à trois anges de notre siècle, mais inspirés des images du temps jadis, comme de l’Ange de l’histoire de Walter Benjamin, qu’un souffle projette dans un avenir auquel il tourne pourtant le dos. Une telle mise à distance dissipe l’illusion scénique et dévoile l’artifice : des anges, en somme, comme les choeurs des Passions de Bach et qui deviennent leurs propres narrateurs. Sur ce texte aux mots dûment choisis et aux relations subtilement distillées, George Benjamin a composé une nouvelle partition essentielle, après Into the Little Hill. Là, il mesure chacun de ses gestes à l’aune d’une violence latente et d’un arc admirablement tendu. La splendeur des lignes, toujours claires, le dispute à celle de l’harmonie et aux alliages nuancés et insoupçonnés de l’orchestre, en constante métamorphose de lumière. Un orchestre comme un écrin précieux, une enluminure de la voix.
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