Eliane Radigue

Occam IV / Occam River I / Occam Delta IV...

Archive 2013
Musique

Éliane Radigue
22 novembre : Occam IV, pour alto / Occam River I, pour birbyne et alto / Occam Delta IV, pour tuba, violoncelle et harpe* /
Occam Delta V, pour clarinette basse, tuba, violoncelle et harpe* / Occam Hexa I, pour clarinette basse, tuba, alto, violoncelle et harpe*
* Créations
23 novembre : Naldjorlak I pour violoncelle, II pour deux cors de basset, III pour violoncelle et deux cors de basset

Carol Robinson, birbyne, cor de basset et clarinette basse
Bruno Martinez, cor de basset
Robin Hayward, tuba
Julia Eckhardt, alto
Charles Curtis, violoncelle
Rhodri Davies, harpe


Coréalisation Collège des Bernardins ; Festival d’Automne à Paris // Avec le concours de la Sacem

Éliane Radigue est l’auteur d’une oeuvre singulière voire sans égale dans le paysage musical français. Née à Paris en 1932, elle étudie le piano et la harpe, se familiarise avec l’avant-garde artistique et musicale avant de se lancer, à la fin des années 1960, dans la composition.
Ses méthodes d’écriture puisent dans la musique concrète française, à laquelle elle s’est formée auprès de Pierre Schaeffer puis de Pierre Henry (elle est son assistante en 1967-1968) : le primat de l’objet concret, l’empirisme des manipulations, le support comme oeuvre in fine en sont quelques-uns des traits saillants. Son matériau présente des affinités avec l’esthétique américaine, entre le minimalisme de La Monte Young ou Phill Niblock et les recherches à caractère scientifique menées par Gordon Mumma et Alvin Lucier.
C’est avec pour seuls compagnons son fidèle synthétiseur ARP 2500 et un magnétophone qu’Éliane Radigue bâtit patiemment, pendant trois décennies, une oeuvre électronique tout en bourdons, temporalités étirées, battements aux confins de l’infra-perceptible, métamorphoses infimes de textures…
L’année 2001 marque un tournant qu’inaugure Elemental II, pour basse électrique. Éliane Radigue crée alors une série de pièces instrumentales dans un sens très particulier : plutôt que de procéder d’une écriture pour un ou plusieurs instrument(s) donné(s), elles résultent d’une rencontre avec un ou plusieurs interprète(s). Reconfigurant la frontière habituelle entre instrumentiste et compositeur, cette musique s’élabore oralement par une recherche patiente et soignée de sonorités particulières sur des instruments parfois eux-mêmes insolites (les deux cors de basset de Naldjorlak ou le birbyne lituanien). Comme par le passé, un principe de parcimonie permet la sérendipité du travail sonore ; ce principe, Éliane Radigue le place sous le patronage de Guillaume d’Ockam (env. 1285-1347), qui donne
son titre à un cycle de pièces instrumentales, L’Océan d’Occam. Les préceptes du philosophe nominaliste – « Le multiple ne doit pas être utilisé sans nécessité » – s’y mêlent au souvenir, transformé en images musicales, d’un océan mythique : celui du livre de science-fiction de David Duncan, Occam’s Razor, écrit en 1957.