Johannes Ciconia / Guillaume de Machaut / Brian Ferneyhough / Benedict Mason
the neurons, the tongue, the cochlea... the breath, the resonance...
Benedict Mason
Hinterstoisser Traverse pour ensemble
the neurons, the tongue, the cochlea… the breath, the resonance
pour vingt-deux musiciens jouant des instruments nouvellement inventés ou rares
Guillaume de Machaut
Tant doucement me sens emprisonnes (à quatre voix)
Johannes Ciconia
Le ray au soleyl (à trois voix)
Codex Chantilly
Rodericus, Angelorum psalat tripudium (à deux voix)
Pierre de Molins, De ce que foul pense souvent ramaynt (à quatre voix)
Brian Ferneyhough
Finis Terrae pour six voix et ensemble*
Commande de l’Ensemble Musikfabrik, de Kunststiftung NRW, du Festival d’Automne à Paris et de Casa da Musica (Porto)
Ensemble vocal Exaudi / Directeur James Weeks
Ensemble Musikfabrik
*Emilio Pomarico, direction de Finis Terrae
André de Ridder, direction des répétitions the neurons..., et de Hinterstoisser Traverse
Coréalisation Opéra national de Paris ; Festival d’Automne à Paris
Avec le concours de la Sacem, de Diaphonique, fonds franco-britannique pour la musique contemporaine, et du British Council
Avec le soutien de Mécénat Musical Société Générale et de la Fondation Ernst von Siemens pour la musique
France Musique enregistre ce concert et le diffuse en direct
L’attention que porte Benedict Mason au timbre, aux pures qualités acoustiques d’un tube, d’une anche, d’une corde ou de tout autre corps sonore en vibration est insatiable. the neurons, the tongue, the cochlea… the breath, the resonance déploie un vaste instrumentarium, renaissant, moderne, créé pour la circonstance ou étranger à notre culture. Comme une « organologie imaginaire », aux effets presque électroniques, et qui s’affranchit des codes de ses cultures d’origine.
The Hinterstoisser Traverse fait allusion aux circonstances tragiques de l’ouverture d’une première voie sur la face nord de l’Eiger dans les Alpes suisses. En résonance avec la cordée qui n’atteignit jamais le sommet, les reliefs, la profondeur, l’altitude, la distance, la vitesse, illusoire ou bien réelle, se révèlent dans une écriture gorgée de détails, d’aspérités et de tensions.
En regard, Finis Terrae de Brian Ferneyhough perpétue les tissages complexes de ce lointain héritier des compositeurs anglais de la Renaissance, mais aussi de l’Ars nova de Guillaume de Machaut, et plus encore, de l’Ars subtilior : le Codex Chantilly déduisait d’une notation alors nouvelle, proportionnelle, dite « mensuraliste », des rythmes d’un saisissant raffinement.
Lecteur de Walter Benjamin, à qui il consacra un opéra, Brian Ferneyhough est un musicien de l’allégorie. Comme chez ses illustres modèles anciens, chaque signe renvoie aux autres, à travers de savants entrelacs. Mais le langage risque désormais d’être mis en pièces, dispersé en autant de fragments à l’expression intense. Une mélancolie en résulte, qui puise à la science moderne comme à l’alchimie spéculative.