Hans Abrahamsen
Winternacht, Études pour piano, Schnee
Hans Abrahamsen
Winternacht pour ensemble, version 1987
Études pour piano (sélection)
Schnee pour ensemble
Ensemble Recherche
Coréalisation Opéra national de Paris ; Festival d’Automne à Paris
Avec l’appui de l’Association des éditeurs de musique du Danemark, à travers la Fondation Koda pour le développement culturel et social
France Musique enregistre ce concert
Hans Abrahamsen est un musicien de la transparence. Son art est empreint de romantisme, de l’hiver, de la nuit et de l’aube qui traversent l’œuvre de Robert Schumann et dont résonne, en son titre, Winternacht. Un art aussi de l’émergence et de l’advenue : à la lisière de l’audible, un frémissement initial amorce de rigoureux processus. Car la vibration, l’émotion et l’expression, immédiatement poétiques et si libres à l’écoute, résultent de structures strictes – il en est ainsi de celles, en miroir, qui ordonnent les Études pour piano. Des formes concentrées, d’une radicale objectivité, puisent à une mélodie bien connue ou à un matériau neutre et concret. Ce matériau, rare, sinon minimal, simple, presque enfantin, s’ouvre peu à peu, se révèle plein de surprises et exerce de la sorte sa puissante fascination.
Ainsi, dans Schnee, cycle composé après des arrangements de Johann Sebastian Bach, l’objectivité résulte de paires de canons de plus en plus courts, jusqu’à l’aphorisme – une réduction que les Études pour piano anticipaient, en regroupant les pièces par nombre décroissant et en laissant la dernière isolée. L’image d’un puzzle élégamment contracté ne serait pas vaine. Dans Schnee, deux phrases s’échangent, de sorte que la première devient la dernière, et vice versa – une illusion analogue à celle des mondes du graveur néerlandais Mauritius C. Escher, multipliant les architectures simultanément ascendantes et descendantes, selon les repères que l’on y fixe. Chez Hans Abrahamsen, ce n’est plus l’espace mais le temps qui suscite l’illusion, qui avance en ralentissant et recule en accélérant. Le temps, alors, atteint une autre dimension, dans cette troublante « représentation de la neige et d’une blanche polyphonie ».