Pascal Dusapin / John Cage / Igor Stravinsky
Requiem Canticles / Seventy-Four for orchestra /La Melancholia
Igor Stravinsky
Requiem Canticles pour contralto, basse, choeur et orchestre
John Cage
Seventy-Four pour orchestre
Pascal Dusapin
La Melancholia, opératorio
Anu Komsi, soprano
Helena Rasker, contralto
Tim Mead, contre-ténor
Alexander Yudenkov, ténor
Rudolf Rosen, baryton
SWR Vokalensemble Stuttgart
Direction du choeur, Nicholas Kok
Orchestre symphonique du SWR Baden-Baden et Freiburg
Direction, Jonathan Stockhammer
Coproduction Cité de la musique ; Festival d’Automne à Paris
En collaboration avec le Südwestrundfunk
Avec le concours de la Sacem
Avec le soutien de Bernard Monnier, Judith Pisar
France Musique enregistre ce concert
Auteur d’une Messe si brève que son collègue Eisler la qualifiait ironiquement de « messe pour hommes d’affaires pressés », Stravinsky récidive à la toute fin de sa vie avec les Requiem Canticles d’où toute répétition du texte est bannie.
Des sonorités tranchantes d’une sécheresse étincelante et un laconisme sublime anticipent sur un au-delà qui nous aveugle. John Cage semblait aux antipodes de cette musique qui propose des objets clos, parfaitement ciselés, et il mit longtemps en effet à dépasser son aversion première (« le néo-classicisme est un fléau international »), après avoir incarné en 1964 le rôle du diable dans L’Histoire du soldat.
Conçue en mars 1992, Seventy-Four sera son oeuvre ultime, et elle sonne pour nous comme une stèle funèbre. Chaque musicien joue quatorze sons, dont il détermine lui-même la durée, le mode de jeu et les fluctuations microtonales. Cage délimite des portions de temps, en rabattant le temps sur l’espace : c’était pour lui la grande leçon d’Erik Satie, et il rejoint par là Stravinsky – juxtaposer plutôt que composer, choisir la répétition plutôt que le grand développement organique. Avec Melancholia de Pascal Dusapin, c’est un retour au bercail européen : le sujet s’épanche, avec toute l’emphase de la tradition, en un feu d’artifice des citations littéraires et philosophiques, une narration qui enveloppe l’auditeur par la spatialisation du son. Trois manières de scander le temps, trois manières de dire l’éternité ou la vanité.