Charles Atlas / Merce Cunningham
Ocean
18 décembredéc.
Ocean
Charles Atlas
Coréalisation Théâtre de la Ville-Paris ; La Cinémathèque de la Danse ; Festival d’Automne à Paris
Après avoir réalisé avec Merce Cunningham plus d’une vingtaine de films, Ocean est la dernière oeuvre que Charles Atlas ait faite à ses côtés. Pour filmer cette pièce majeure, créée en 1994 et présentée en septembre 2008 dans une imposante carrière de granit située à St Cloud (Minnesota), le réalisateur a bénéficié d’un dispositif de tournage conséquent, lui permettant de multiplier les angles de vue.
La nuit. Une lumière bleue, sombre, impénétrable et pour seuls éléments de décor deux grands chronomètres de chaque côté d’une scène circulaire autour de laquelle sont installés le public et les musiciens. Il s’agit de la dernière pièce que Merce Cunningham a conçue avec John Cage, disparu deux ans auparavant, et c’est Andrew Culver qui en achèvera la composition. Les sons évoquent le va-et-vient des vagues, le bruit de l’océan. Les bruitages électroniques, mis au point par David Tudor, semblent nous faire entendre un dialogue d’animaux marins et cette illusion de vie orchestrée par la musique donne une dimension singulière à la pièce. Le film de Charles Atlas nous projette alors dans un monde hors du temps. Quoi que cela puisse sembler amusant
(ou curieux), ces images ne sont pas sans rappeler Pêcheur d’Islande de Pierre Loti, et ce sont ici les danseurs qui ont, semble-t-il, le corps et le visage façonnés, sculptés par les éléments marins. Quatorze danseurs assemblent duos, trios ou ensembles, vêtus de combinaisons dont les couleurs glissent progressivement du bleu vers le noir pour mieux refléter les profondeurs de l’océan.
Quelle est la fiction inconnue qui se dévoile sous nos yeux ? À la fois figuratifs et illustratifs, gracieux et lents, innocents et primitifs, ces mouvements sont contrôlés avec une précision extrême. Plus le tempo s’accélère et plus la caméra se rapproche des visages, des épaules, des jambes, du corps tout entier quoique morcelé des danseurs. James Joyce aurait projeté d’écrire un livre sur l’eau et l’océan et on peut se demander de quelle manière son oeuvre, qui avait une telle importance pour Merce Cunningham, n’a pas inspiré la création de cette pièce majeure. L’océan est également présent dans le dernier film consacré à Merce, Craneway Event de Tacita Dean, où la mer entoure le chorégraphe et ses danseurs.
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