Frederic Rzewski
Nanosonatas, The People United Will Never Be Defeated...
1 octobreoct.
Frederic Rzewski
Nanosonatas, Livres, V, VI, VII, VIII pour piano
Création du Livre VIII, commande du Festival d’Automne à Paris
The People United Will Never Be Defeated
Trente-six variations sur un thème de Sergio Ortega El pueblo unido jamás será vencido
Frederic Rzewski, piano
Coréalisation Opéra national de Paris ; Festival d’Automne à Paris
Œuvre emblématique de Rzewski, le cycle de trente-six variations sur une chanson protestataire du compositeur chilien Sergio Ortega date de l’automne 1975. Rzewski la décrit comme un « symbole efficace » qui touche et sensibilise des publics divers, et cette idée d’unification commande son propre projet : réconcilier des langages savants et populaires, combiner le contrepoint et l’impact de la mélodie, récapituler les styles musicaux les plus divers – musiques ethniques des deux Amériques, jazz, sérialisme – mais aussi toute la technique pianistique depuis le XIXe siècle. La construction formelle est particulièrement raffinée : six cycles thématisent un seul type d’événement (gestes simples, rythmes, mélodies, contrepoints…), pour se « commenter » ensuite eux-mêmes grâce à un système de récapitulations très élaboré.
Les Nanosonatas s’inspireront d’un article sur les « moteurs nano-nucléaires », que Rzewski lit en 2006. Chaque livre regroupe sept micro-formes ou moments musicaux : comme dans une sonate classique « des éléments différents se rencontrent, mais ne se développent pas. Au lieu de les développer, on les laisse suspendus dans le vide, comme ces personnages de Tolstoï croqués en quelques mots, mais d’une manière qui suggère qu’on pourrait écrire un livre entier sur eux… ». Plus ou moins liés musicalement, chaque livre est un album. La versatilité des gestes musicaux est poussée à l’extrême, faisant le lien avec les gestes concrets du pianiste, qui tape sur les bords du piano, laisse tomber le couvercle, fait vrombir la pédale, et parfois grommelle, siffle, chantonne ou récite. Le jeu de Rzewski est à voir autant qu’à entendre : on assiste à une scène entre lui et l’instrument, où l’effort devient affect, où la tactilité est mise en scène, où le récital devient théâtre.