Liza Lim / Olga Neuwirth / Sergueï Prokofiev

The Compass / ...Miramondo multiplo.../ Sixième Symphonie

Liza Lim / Olga Neuwirth / Serge Prokofiev

Archive 2008
Théâtre du Châtelet
6 novembrenov.

Liza Lim, The Compass, pour didgeridoo, flûte et orchestre
Olga Neuwirth, Miramondo multiplo pour trompette et orchestre
Serge Prokofiev, Sixième Symphonie, opus 111
William Barton, didgeridoo
Gunhild Ott, flûte
Hakan Hardenberger, trompette
Orchestre symphonique du SWR Baden-Baden et Freiburg
Kazushi Ono, direction musicale
En collaboration avec le Südwestrundfunk
Coréalisation Théâtre du Châtelet ; Festival d’Automne à Paris
Avec le concours de la Sacem
Manifestation organisée dans le cadre de la Saison culturelle européenne en France (1er juillet – 31 décembre 2008)

Ces œuvres nous racontent toutes trois une histoire, autour du souffle, des lèvres qui l’animent et des images, poétiques ou triomphantes, qu’elles évoquent à nos mémoires.
Un égal souci de narration les traverse, empruntant à la tradition épique du symphonisme russe, ou au kalyuyuru du désert australien – ce mot par lequel les aborigènes désignent le miroitement de l’eau qui tombe sur des lits asséchés et la fluidité des chants entendus en rêve –, ou encore à un quotidien menaçant, rendu à son absurdité. En de brèves scènes musicales, Miramondo multiplo (2005) saisit toute l’hétérogénéité des résonances de la trompette, instrument qu’Olga Neuwirth étudia dès l’âge de sept ans.
De la grandiloquence parfois vantarde de son timbre à l’orphéon aux échos felliniens, le vampirisme des citations et leur montage n’excluent ni la torsion, ni l’ironie, ni même, en deçà, la douceur révolue des années d’enfance. The Compass (2006) de Liza Lim entonne le dialogue entre un orchestre et deux solistes, la flûte et le didgeridoo. Aux rituels magiques ou d’initiation des chamanes guérisseurs répondent les traits physiques et les symboles telluriques d’une raucité qu’il s’agit de tisser à l’effectif occidental ou de maintenir dans l’entre-deux.
Enfin, aux lendemains d’un conflit mondial dont les événements marquèrent tragiquement l’Union soviétique, et juste avant que Jdanov n’impose aux compositeurs l’idéologie délétère du réalisme socialiste, Prokofiev compose une Sixième Symphonie (1947) d’un austère et âpre lyrisme : le style héroïque qui présidait aux développements de la Cinquième Symphonie a laissé place à de larges mélodies, comme à une fanfare en creux, et à un climat d’abord sombre, empreint d’humanisme.