Omar Amiralay
Rétrospective Omar Amiralay
Archive 2007
Images du Moyen-Orient : Rétrospective Omar Amiralay et Cinémas d'Egypte, Iran, Israël, Jordanie, Liban, Palestine, Syrie
Fictions et documentaires
Tenter de montrer des « Images du Moyen-Orient », c’est tenter de faire surgir de territoires aussi différents que l’Égypte, Israël, le Liban, la Palestine ou la Syrie, des préoccupations et des manifestations communes aux artistes et aux cinéastes dans l’état d’urgence actuel. Quels que soient les moyens de production, le plus souvent très restreints, voire inexistants, ces cinémas ont en commun d’être en conversation avec le cinéma du monde.
« Un de mes choix a été mon engagement, depuis mes débuts dans le cinéma, dans le film documentaire. Un genre que j’ai transformé en une approche des gens, une interprétation du réel, et une conviction intime que le cinéma peut traiter directement avec la vie, avec ses histoires et ses héros de tous les jours de manière beaucoup plus riche et plus intensive que ce qu’un simple passant comme moi serait capable d’imaginer ou de créer à partir de rien. (…)
Un autre aspect de mon travail cinématographique qui traduit une de mes angoisses majeures, c’est la recherche de la vérité, une vérité dont l’un des piliers, à mon avis, est le doute. Une forme de suspicion que je considère comme une vertu, et non comme un péché selon la formule attribuée au Coran, “Tenir en suspicion est presque un péché”, comme le veulent ceux qui s’en remettent aux vérités révélées et aux Livres saints. Car toute vérité, à mon sens, est douteuse, ambiguë, relative, tant que la conscience humaine et l’Histoire ne l’ont pas soumise à une interrogation, à la loi du questionnement.
C’est peut-être cela qui explique cette oscillation dans mes films entre le documentaire et la fiction, que j’attribue à une tendance enracinée en moi à me frotter au doute, à chatouiller l’ambiguïté. En deux mots, mon cinéma pourrait être résumé à cela : chatouiller la vie… »
Omar Amiralay
Cette rétrospective consacrée à Omar Amiralay permet par ailleurs de dresser un panorama des cinémas du Moyen-Orient, fictions et documentaires de jeunes cinéastes d'Egypte, Israël, Liban, Palestine, Jordanie et Irak.
FILMS PRÉSENTÉS DANS LE CADRE DE LA RÉTROSPECTIVE
mardi 16 octobre, 18 h
Il y a tant de choses encore à raconter, 1997, 50'
(Hounalika Achya'a Kathira Kana Youmken An Yatahadath Anha Al Mar'e)
1997, vidéo, couleur
Le grand dramaturge Saadallah Wannous, ami et coauteur du cinéaste, se meurt, épuisé par un cancer qui, dit-il, s'est déclaré pendant la guerre du Golfe. Dans le silence d'une chambre d'hôpital, les images du passé semblent encore hanter cet homme malade de la "cause arabe", dont la parole sombre et implacable exprime les désillusions et le sentiment d'échec de toute une génération.
mardi 16 octobre, 19 h
Rencontre avec les cinéastes Omar Amiralay et Mohamad Soueid,
suivie de la projection du film Le Malheur des uns…, 1982, 52'
mercredi 17 octobre, 17 h
La Vie quotidienne dans un village syrien, 1974, 85'
(Al Hayat Al Yawmiya fi Qariya Souxriyya)
Conception : Omar Amiralay, Saadallah Wannous
Le film dévoile le contraste violent entre le discours officiel sur la réforme agraire et la réalité des paysans abandonnés face aux propriétaires féodaux.
Les Poules, 1977, 40' (Al Dajaj)
L'État syrien encourage les habitants d'un village-pilote, Sadad, à délaisser leurs activités traditionnelles pour se lancer dans l'élevage de poules et la production d'œufs. Cet élevage devient monstrueux puis connaît une récession.'
jeudi 18 octobre, 16 h
Par un jour de violence ordinaire, mon ami Michel Seurat…, 1996, 50'
(Fi Yaom min Ayyam Al Ounf Al Adi, Mata Sadiqui Michel Seurat…)
Conception : Omar Amiralay, Mohamed Malas
Le 22 mai 1985, Jean-Paul Kaufman et Michel Seurat sont enlevés par le Djihad islamique sur la route de l'aéroport de Beyrouth. Seurat meurt après neuf mois de séquestration. Les voix de sa compagne et de son ami, quelques objets, un clair-obscur : la figure absente de cet homme passionné d'Orient est au centre des mots et des rares documents. Une figure que guette l'amertume de la déception.
jeudi 18 octobre, 17 h
Le Sarcophage de l'amour, 1985, 50' (Al Houb Al Mawood)
À ces femmes — star de cinéma, avocate, femme de ménage, écrivain, jeune célibataire — qui se racontent en tableaux délicats, tendus et subtilement composés, font écho des récits d'hommes : intimité d'une société vue sous un de ses aspects les plus contemporains.
vendredi 19 octobre, 14 h 30
Le Plat de sardines, 1997, 17'
Ombres et Lumières, 1994, 35' (Nouron wa Zilal)
Scénario et réalisation collective : Omar Amiralay, Mohamed Malas, Oussama Mohammad
Pionnier du cinéma syrien, inventeur, technicien et metteur en scène du premier film syrien parlant (Ombre et lumière, 1948), Nazir Chahbandar veille sur les restes du studio qu'il construisit dans les années 1940, figure fragile et déterminée d'une passion pour le cinéma.
Film-essai sur le barrage de l'Euphrate, 1970, 12'
Déluge au pays du Baas, 2003, 46' (Toufan Fi Balad Al Baas)
Trente-trois ans après son premier court métrage, le cinéaste avoue regretter son "erreur de jeunesse", son ode au barrage de l'Euphrate, fierté du parti Baas au pouvoir. L'action se déroule dans le village de El Machi, entité qui se fait "résumé" d'un pays que le parti Baas façonne depuis quarante ans.
À l'attention de Mme le Premier ministre Bénazir Bhutto, 1989-1994, 62'
(Ila Janab Al Sayyda Raisat Alwezara' Benazir Boto)
En 1988, Benazir Bhutto est élue à la tête du Parti du peuple pakistanais et devient Premier ministre du Pakistan. L'année suivante, Omar Amiralay se rend au Pakistan pour tenter de comprendre le personnage dans sa réalité. Mais ses tentatives répétées pour obtenir un entretien avec elle restent vaines ; l'absence devient la matière même du film.
dimanche 21 octobre, 15 h 30
Un parfum de paradis, 1982, 42' (Ra'Ihatou Al Janna)
Été 1982, deux mois après le déclenchement de l'opération Paix en Galilée, l'armée israélienne envahit le Liban et pilonne Beyrouth pour en chasser les Palestiniens. Dans la ville déchirée, la télévision enregistre les déclarations des responsables politiques.
À Beyrouth-Ouest, Libanais et Palestiniens, civils et combattants mêlés, racontent leurs errances et leurs deuils dans une ville en train de disparaître.
Le 15 juillet 1982, peu avant le départ de l'OLP de Beyrouth, Arafat déclare que ses soldats ont un moral excellent et qu'ils sentent "comme le parfum du paradis".
dimanche 21 octobre, 17 h
L'Ennemi intime, 1986, 54' (Al Adou Al Hamim)
Les attentats qui frappent Paris en 1985 déclenchent une vague d'hostilité envers les immigrés arabes et les musulmans de France. Ben Massoud raconte son arrivée à Marseille, ses espoirs et sa déception. Bassam, Syrien naturalisé français, propriétaire d'un restaurant et imam, se sent intégré tout en conservant sa culture et sa foi. Cette galerie de personnages approchés avec délicatesse et ironie désamorce les focalisations médiatiques sur cette "question de société" tout en affirmant une implacable critique des intégrismes.
L'Homme aux semelles d'or, 2000, 55' (Al Rajol Zou Annal' Azzahabi)
En 2000, Rafiq Hariri, entrepreneur et milliardaire, était le leader de l'opposition libanaise après avoir été Premier ministre. Au cours de leurs rencontres, le cinéaste a exploré les paradoxes du pouvoir et mis en scène les mésaventures qui guettent l'intellectuel critique, la force et le charisme du personnage.
Fictions et documentaires
Tenter de montrer des « Images du Moyen-Orient », c’est tenter de faire surgir de territoires aussi différents que l’Égypte, Israël, le Liban, la Palestine ou la Syrie, des préoccupations et des manifestations communes aux artistes et aux cinéastes dans l’état d’urgence actuel. Quels que soient les moyens de production, le plus souvent très restreints, voire inexistants, ces cinémas ont en commun d’être en conversation avec le cinéma du monde.
« Un de mes choix a été mon engagement, depuis mes débuts dans le cinéma, dans le film documentaire. Un genre que j’ai transformé en une approche des gens, une interprétation du réel, et une conviction intime que le cinéma peut traiter directement avec la vie, avec ses histoires et ses héros de tous les jours de manière beaucoup plus riche et plus intensive que ce qu’un simple passant comme moi serait capable d’imaginer ou de créer à partir de rien. (…)
Un autre aspect de mon travail cinématographique qui traduit une de mes angoisses majeures, c’est la recherche de la vérité, une vérité dont l’un des piliers, à mon avis, est le doute. Une forme de suspicion que je considère comme une vertu, et non comme un péché selon la formule attribuée au Coran, “Tenir en suspicion est presque un péché”, comme le veulent ceux qui s’en remettent aux vérités révélées et aux Livres saints. Car toute vérité, à mon sens, est douteuse, ambiguë, relative, tant que la conscience humaine et l’Histoire ne l’ont pas soumise à une interrogation, à la loi du questionnement.
C’est peut-être cela qui explique cette oscillation dans mes films entre le documentaire et la fiction, que j’attribue à une tendance enracinée en moi à me frotter au doute, à chatouiller l’ambiguïté. En deux mots, mon cinéma pourrait être résumé à cela : chatouiller la vie… »
Omar Amiralay
Cette rétrospective consacrée à Omar Amiralay permet par ailleurs de dresser un panorama des cinémas du Moyen-Orient, fictions et documentaires de jeunes cinéastes d'Egypte, Israël, Liban, Palestine, Jordanie et Irak.
FILMS PRÉSENTÉS DANS LE CADRE DE LA RÉTROSPECTIVE
mardi 16 octobre, 18 h
Il y a tant de choses encore à raconter, 1997, 50'
(Hounalika Achya'a Kathira Kana Youmken An Yatahadath Anha Al Mar'e)
1997, vidéo, couleur
Le grand dramaturge Saadallah Wannous, ami et coauteur du cinéaste, se meurt, épuisé par un cancer qui, dit-il, s'est déclaré pendant la guerre du Golfe. Dans le silence d'une chambre d'hôpital, les images du passé semblent encore hanter cet homme malade de la "cause arabe", dont la parole sombre et implacable exprime les désillusions et le sentiment d'échec de toute une génération.
mardi 16 octobre, 19 h
Rencontre avec les cinéastes Omar Amiralay et Mohamad Soueid,
suivie de la projection du film Le Malheur des uns…, 1982, 52'
mercredi 17 octobre, 17 h
La Vie quotidienne dans un village syrien, 1974, 85'
(Al Hayat Al Yawmiya fi Qariya Souxriyya)
Conception : Omar Amiralay, Saadallah Wannous
Le film dévoile le contraste violent entre le discours officiel sur la réforme agraire et la réalité des paysans abandonnés face aux propriétaires féodaux.
Les Poules, 1977, 40' (Al Dajaj)
L'État syrien encourage les habitants d'un village-pilote, Sadad, à délaisser leurs activités traditionnelles pour se lancer dans l'élevage de poules et la production d'œufs. Cet élevage devient monstrueux puis connaît une récession.'
jeudi 18 octobre, 16 h
Par un jour de violence ordinaire, mon ami Michel Seurat…, 1996, 50'
(Fi Yaom min Ayyam Al Ounf Al Adi, Mata Sadiqui Michel Seurat…)
Conception : Omar Amiralay, Mohamed Malas
Le 22 mai 1985, Jean-Paul Kaufman et Michel Seurat sont enlevés par le Djihad islamique sur la route de l'aéroport de Beyrouth. Seurat meurt après neuf mois de séquestration. Les voix de sa compagne et de son ami, quelques objets, un clair-obscur : la figure absente de cet homme passionné d'Orient est au centre des mots et des rares documents. Une figure que guette l'amertume de la déception.
jeudi 18 octobre, 17 h
Le Sarcophage de l'amour, 1985, 50' (Al Houb Al Mawood)
À ces femmes — star de cinéma, avocate, femme de ménage, écrivain, jeune célibataire — qui se racontent en tableaux délicats, tendus et subtilement composés, font écho des récits d'hommes : intimité d'une société vue sous un de ses aspects les plus contemporains.
vendredi 19 octobre, 14 h 30
Le Plat de sardines, 1997, 17'
Ombres et Lumières, 1994, 35' (Nouron wa Zilal)
Scénario et réalisation collective : Omar Amiralay, Mohamed Malas, Oussama Mohammad
Pionnier du cinéma syrien, inventeur, technicien et metteur en scène du premier film syrien parlant (Ombre et lumière, 1948), Nazir Chahbandar veille sur les restes du studio qu'il construisit dans les années 1940, figure fragile et déterminée d'une passion pour le cinéma.
Film-essai sur le barrage de l'Euphrate, 1970, 12'
Déluge au pays du Baas, 2003, 46' (Toufan Fi Balad Al Baas)
Trente-trois ans après son premier court métrage, le cinéaste avoue regretter son "erreur de jeunesse", son ode au barrage de l'Euphrate, fierté du parti Baas au pouvoir. L'action se déroule dans le village de El Machi, entité qui se fait "résumé" d'un pays que le parti Baas façonne depuis quarante ans.
À l'attention de Mme le Premier ministre Bénazir Bhutto, 1989-1994, 62'
(Ila Janab Al Sayyda Raisat Alwezara' Benazir Boto)
En 1988, Benazir Bhutto est élue à la tête du Parti du peuple pakistanais et devient Premier ministre du Pakistan. L'année suivante, Omar Amiralay se rend au Pakistan pour tenter de comprendre le personnage dans sa réalité. Mais ses tentatives répétées pour obtenir un entretien avec elle restent vaines ; l'absence devient la matière même du film.
dimanche 21 octobre, 15 h 30
Un parfum de paradis, 1982, 42' (Ra'Ihatou Al Janna)
Été 1982, deux mois après le déclenchement de l'opération Paix en Galilée, l'armée israélienne envahit le Liban et pilonne Beyrouth pour en chasser les Palestiniens. Dans la ville déchirée, la télévision enregistre les déclarations des responsables politiques.
À Beyrouth-Ouest, Libanais et Palestiniens, civils et combattants mêlés, racontent leurs errances et leurs deuils dans une ville en train de disparaître.
Le 15 juillet 1982, peu avant le départ de l'OLP de Beyrouth, Arafat déclare que ses soldats ont un moral excellent et qu'ils sentent "comme le parfum du paradis".
dimanche 21 octobre, 17 h
L'Ennemi intime, 1986, 54' (Al Adou Al Hamim)
Les attentats qui frappent Paris en 1985 déclenchent une vague d'hostilité envers les immigrés arabes et les musulmans de France. Ben Massoud raconte son arrivée à Marseille, ses espoirs et sa déception. Bassam, Syrien naturalisé français, propriétaire d'un restaurant et imam, se sent intégré tout en conservant sa culture et sa foi. Cette galerie de personnages approchés avec délicatesse et ironie désamorce les focalisations médiatiques sur cette "question de société" tout en affirmant une implacable critique des intégrismes.
L'Homme aux semelles d'or, 2000, 55' (Al Rajol Zou Annal' Azzahabi)
En 2000, Rafiq Hariri, entrepreneur et milliardaire, était le leader de l'opposition libanaise après avoir été Premier ministre. Au cours de leurs rencontres, le cinéaste a exploré les paradoxes du pouvoir et mis en scène les mésaventures qui guettent l'intellectuel critique, la force et le charisme du personnage.