Joël Jouanneau

Atteintes à sa vie

Martin Crimp / Joël Jouanneau

Archive 2006
Théâtre de la Cité internationale
13 novembrenov. – 3 décembredéc.
1/3
Atteintes à sa vie de Martin Crimp
17 scénarii pour le théâtre
Traduction, Christophe  Pellet
Création
Mise en scène, Joël Jouanneau
Scénographie, Jacques Gabel
Assistée de Caroline Leray et Emilie Leroy
Costumes, Claire Steinberg
Lumière, Franck Thévenon
Assisté de Jean-Marc Pinault
Son, Pablo Bergel
Vidéo, Julien Boizard
Collaboration artistique, Cyrill Teste
Avec Fabrice Bénard, Bruno Blairet, Michel Bonpoil, Nicolas Chupin, Mélanie Couillaud, Sabrina Kouroughli, Vincent Macaigne, Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre, Nicolas Wan Park



Coproduction Théâtre de la Ville, Paris, Théâtre de Vidy Lausanne ETE, MC2 Grenoble, Maison de la Culture Loire Atlantique / Nantes, Théâtre Universitaire de Nantes, l’Eldorado,
Festival d’Automne à Paris
Avec la participation artistique du Jeune Théatre National

En compagnie de l’Adami
On ne verra jamais Anne, le personnage principal de Atteintes à sa vie. Elle ne laisse derrière elle que des traces de son passage (un répondeur téléphonique, un sac de voyage, des œuvres d’art, un billet d’avion), elle se fait parfois appeler Annie ou Anya, c’est selon le pays où elle se trouve. On la croit victime d’un attentat elle est alors signalée comme terroriste, on l’imagine prostituée elle se retrouve dans une organisation humanitaire, scientifique pour les uns elle est artiste-peintre pour les autres, écologiste, elle milite dans une organisation d’extrême-droite, et elle se transforme même un temps en voiture automobile : la nouvelle Anny.
Après les dix-sept tableaux du texte qui constituent un impossible puzzle, le spectateur n’en saura pas plus (comme les acteurs et probablement l’auteur lui-même), mais si l’œuvre débouche sur le vide elle n’est pas pour autant vide de sens, et à l’issue de cette enquête qui peut donner le vertige on aura mesuré les contractions et contradictions de notre monde globalisé, et ses effets, ses atteintes sur l’identité.
Musicale, la pièce de Martin Crimp l’est absolument, dans sa langue comme dans sa structure, c’est même là ce qui en fait l’unité. Et par ailleurs, il n’y a pas de personnages, hors celui de Anne, l’absente, ni de didascalies localisant les lieux, les situations. Cette pièce peut se jouer à trois, cinq, sept dix ou quinze personnes, tout est à inventer et c’est pourquoi elle a été souvent travaillée dans les écoles de théâtre, ce que j’ai fait dans un premier temps au Conservatoire national supérieur d’art dramatique en juin 2003.
Toutefois l’auteur insiste sur la nécessité de prendre à la lettre son sous-titre : 17 scénarii pour le théâtre. C’est ce sous-titre qui est l’axe du travail, car il est une formidable incitation aux mélanges des genres (du policier au burlesque en passant par la comédie musicale ou la science-fiction) tout comme aux croisements des arts (de la danse à la vidéo ou au chant), et ces mélanges ou croisements sont d’autant plus possibles ici qu’ils sont alimentés par un texte fortement charpenté et tout aussi brûlant qu’actuel.
Joël Jouanneau

Martin Crimp est né le 14 février I956 à Dartford dans le Kent.