Liza Lim / Hanspeter Kyburz
Mother tongue / The Voynich Cipher Manuscript
Liza Lim / Hanspeter Kyburz
Liza Lim
Mother Tongue pour soprano et quinze instruments (2005)
Sur des poèmes de Patricia Sykes
Création, commande du Festival d’Automne à Paris,
de l’Ensemble intercontemporain et de l’Ensemble Elision
Hanspeter Kyburz
The Voynich Cipher Manuscript
pour vingt-quatre voix et ensemble (1995)
Piia Komsi, soprano
Cappella Amsterdam / Daniel Reuss, chef de chœur
Ensemble intercontemporain
Direction, Jonathan Nott
Coproduction Cité de la musique,
Ensemble intercontemporain, Festival d’Automne à Paris
Avec le concours du Gouvernement australien par le biais de l’Australia Council, de Pro Helvetia, fondation suisse pour la culture et de la Sacem
La musique permettrait-elle de redonner vie au langage ?
La compositrice australienne Liza Lim a déjà pu travailler avec la voix, notamment avec L’Orestie, opéra d’après Eschyle qu’elle qualifiait de « théâtre de mémoire ». Avec Mother Tongue [Langue maternelle], commande du Festival d’Automne et de l’Ensemble intercontemporain, elle a chargé sa musique de fortes résonances personnelles, le processus de composition devenant une forme d’expérience initiatique pour cette petite-fille de Chinois venus du Fujian, province de Chine dont la langue aura bientôt disparu, élevée sur une terre dont les premiers occupants australiens, les aborigènes, ont vu s’éteindre une bonne partie de leurs nombreux dialectes. La question des origines du langage trouve sa traduction dans une musique contrastée, aux subtils alliages de timbres : sur des poèmes de Patricia Sykes, auxquels se mêlent des mots issus d’idiomes rares ou disparus (du finnois au navajo, en passant par le langage des Bushmen ou des Walpiris d’Australie), Liza Lim met en œuvre un discours musical fondé sur l’idée de réverbération, c’est-à-dire de résonance et de réminiscence…
Cette question est également au cœur du Voynich Cipher Manuscript, partition phare de Hanspeter Kyburz. Celle-ci prend appui sur les 232 pages du manuscrit « Voynich », rédigé dans une écriture secrète que les recherches les plus poussées n’ont jamais permis de déchiffrer : un manuscrit qui, au XVIe siècle, s’échangeait pour des fortunes, car il était supposé receler l’élixir de longue vie. À partir de fragments de traductions spéculatives, couplés avec des extraits de poèmes futuristes et archaïsants du formaliste russe Velimir Chlebnikov, maître de la « langue des étoiles », Kyburz a composé une partition, au contraire, étale et bâtie sur de lentes scansions chorales qui évoquent certaines traditions extra-européennes, formant une sorte d’oratorio mystérieux ; une œuvre littéralement génératrice de sens tout en bouleversant la perception. Dans Voynich Cipher Manuscript, comme dans Mother Tongue, le musicien se fait défricheur ou bâtisseur de la mémoire, à la fois archéologue et oracle, linguiste et traducteur / interprète – comprenez : poète, ou alchimiste.
Liza Lim est née à Perth en 1966. Elle vit et travaille à Brisbane (Australie).
Hanspeter Kyburz est né en 1966 à Lagos (Nigéria) de parents suisses. Il vit et travaille à Berlin.