Enrique Diaz

Avant l’Hamlet de Shakespeare, la répétition de l’Hamlet de Shakespeare par une compagnie au sein de laquelle le personnage d’Hamlet, à son tour, monte une pièce à l’intérieur de la pièce… Dès le titre, les premiers miroirs de la mise en abîme de ce texte fondateur du théâtre occidental sont posés, qui reflètent une structure autre et installent la théâtralité « au centre du drame, pas seulement comme un fait réel, ni comme une toile de fond, mais comme un procédé de jeu ». En cinémascope, des acteurs composent avec les objets qui les entourent - toaster, chaise roulante, table ouvrante, poupée gonflable, sèche-cheveux, fer à repasser… -, gadgets parmi les gadgets, aussi dérisoires et interchangeables qu’eux, jusqu’à s’y agglomérer en une oppressante sédimentation de couleur, parfois onirique, et de ton souvent décalé. « Il arrive que quelques fulgurances craquellent le ciment : l’humour, l’éblouissement, la musique… mais impossible de se glisser par les fissures. On nous rappelle qu’on est au théâtre, les acteurs nous parlent, changent de rôle, un animateur vedette passe dans les rangs pour introduire l’acte suivant […] Ce qui se joue là nous concerne, nous entoure et nous inclut.» Ensaio Hamlet est une pièce kaleïdoscopique dont nous sommes le centre avant d’en être les spectateurs. Fidèle à un travail que la Compagnie brésilienne Dos Atores, dirigée par Enrique Diaz, mène depuis 1988, cet Ensaio Hamlet met au premier plan la figure de l’interprète, portant en cela la signature d’un metteur en scène qui est aussi acteur. Chaque spectacle de la Compagnie aborde les textes classiques avec un même souci : rendre l’auteur à la fois contemporain et compagnon de route, replacer les thèmes de la pièce dans l’environnement géographique et culturel de l’époque, offrir à l’acteur l’opportunité de découvrir un espace dans lequel exprimer ses questionnements pour trouver une interprétation originale de son personnage, tenir compte des spécificités d’un public qui ne peut être que de son temps.