Morton Feldman

Intermission 1 et 2 (1950). Variations (1951). Triadic memories (1981)….

Archive 2004
Musique

17 novembre 20h
Intermission 1 et 2(1950), Intermission 5 (1952)
Three Pieces for Piano (1954), Nature Pieces (1951) Variations (1951)  Piano Piece (1952), Extensions 3 (1952) Intermission 6 (1953)
Palais de Mari (1986), For Bunita Marcus (1985)
Durée : 2h30 (plus entracte)
21 novembre 15h
Three Dances (1950), Intermission 3 et 4 (1952), Piano Piece (1955), Piano Piece 1956 A / Piano Piece 1956 B, Last Pieces (1959), Vertical Thoughts 4 (1963), Piano Piece (to Philip Guston) (1963), Piano Piece (1964), Piano (1977), Triadic Memories (1981)
Durée : 2h45 (plus entracte)
Piano, Markus Hinterhäuser 

Coréalisation Musée d’Orsay, Festival d’Automne à Paris
Avec le concours de la Sacem

Le piano est l’instrument qui reflète le plus intimement les préoccupations créatrices de Morton Feldman. Il en jouait lui-même avec un toucher très particulier, infiniment délicat, le considérant comme l’«instrument contemporain par excellence», à cause de «la manière riche dont ses sonorités résonnent et s’éteignent progressivement, métaphore de l’extinction des valeurs de ce monde ». Plus globalement, Feldman aimait composer au piano parce que, disait-il, cela l’obligeait à ralentir et lui permettait de baigner dans la réalité acoustique, par delà l’abstraction de l’écriture. Son œuvre pianistique témoigne du mûrissement très graduel de sa démarche, depuis ses premières partitions indéterminées du début des années cinquante, jusqu’à Palais de Mari (1986), où chaque détail de la métrique est noté avec une précision optimale, en passant par des œuvres où la temporalité apparaît plus flexible (Vertical Thoughts). Les modalités sensiblement différentes de son approche du temps musical se révéleront, au cours de ces deux concerts, étape par étape, à l’écoute de chacune de ses compositions pour piano.
Jean-Yves Bosseur
Morton (Morty) Feldman, prématurément disparu [...], fut une des figures les plus pittoresques du folklore new-yorkais des années 50-70. Avec son front d’un pouce, sa corpulence de géant et son accent de Brooklyn très marqué, Morty avait l’air d’un simple d’esprit. Erreur ! Il était fin, rusé, « quelque part » hypersensible, et poète à ses heures. Sa musique lui ressemblait. Morty n’avait jamais souscrit aux idées européennes : il ignorait tout du sérialisme et avait ses marottes à lui. Il fut un peu cagien, faisant partie de la même bande que Cunningham et Earle Brown, Tudor et Wolff, et comme eux, ami des peintres (Guston, Rothko, Rauschenberg). Puis il eut une grande phase « pianissimo » : je le vois d’ici demandant à Bernstein, dans un perfide concert que celui-ci consacrait à l’avant-garde pour la torpiller de jouer « more pianissimo, man ! ». Enfin, Morty tomba amoureux d’une altiste : il fit alors son chef-d’oeuvre, The Viola in my Life, à l’occasion de quoi il confiait à qui voulait l’entendre : « I’m in love, man ! I even write fortissimo, man ! ». Tel fut Morty. On le pleura sincèrement.
André Boucourechliev,  in programme Festival d’Automne