Christoph Marthaler
Die schöne Müllerin
La belle meunière
Die schöne Müllerin (La Belle Meunière)
Franz Schubert
Spectacle en allemand surtitré en français
Poèmes de Wilhelm Müller (1794-1827) pour La Belle Meunière
Lieder de Franz Schubert sur des poèmes de Johann Gabriel Seidl, Matthäus von Collin, Franz Grillparzer, Johann Mayrhofer
Mise en scène, Christoph Marthaler
Dramaturgie, Stéphanie Carp et Arved Schultze
Lumière, Herbert Cybulska
Scénographie et costumes, Anna Viebrock
Arrangements musique, Rosemary Hardy, Markus Hinterhäuser, Christoph Homberger, Christoph Keller et Christoph Marthaler
Rosemary Hardy, soprano
Altea Garrido, Bettina Stucky, Daniel Chait, Markus Hinterhäuser (piano et célesta),
Christoph Homberger (ténor), Ueli Jäggi, Christoph Keller (piano)
Stefan Kurt, Thomas Stache, Graham F. Valentine, Markus Wolf
Durée : 2h00
Production Schauspielhaus Zürich et RuhrTriennale
Corélisation Théatre Nanterre-Amandiers, Festival d’Automne à Paris
Avec le concours de Pro Helvetia
Le cycle de Lieder La Belle Meunière, composé en 1823 par Franz Schubert sur des poèmes de Wilhelm Müller, est le “noyau incandescent du chant romantique”, selon Roland Barthes. Les vingt poèmes décrivent la passion malheureuse d’un garçon meunier pour la meunière blonde et belle qui lui préférera un chasseur à la barbe broussailleuse. Un ruisseau, autre figure obsédante du récit, à la fois miroir et confident, sera la dernière “chambre de cristal bleu” où reposera le corps enfin apaisé du garçon.
“En dépit des apparences intimistes et sages de cette musique, sans insolence, on peut la mettre au rang des arts extrêmes : celui qui s’y exprime est un sujet singulier, intempestif, déviant, fou, pourrait-on dire, si, par une dernière élégance, il ne refusait le masque glorieux de la folie”. C’est sur cette dernière phrase de Barthes, dans un article consacré au lied schubertien, qu’aurait pu se fonder la relecture réalisée par Christoph Marthaler : garçons meuniers aux cheveux roux flamboyants, (neuf au total), meunière à l’improbable coiffure à banane (bientôt multipliée par trois), ramures de cerfs, dérive de pianos à queue, élan empaillé, coq de bruyère, textes et poèmes ajoutés de Brecht ou de Walser.
Ni moquerie, ni parodie cependant, car de ce chaos total, de ce “théâtre de lieder”, émergent “les strates plus profondes, plus sombres, moins propres, plus pulsionnelles du lied, une vase toxique. Comme si, à cet instant, c’était le Shakespeare fou et non l’inoffensif Wilhelm Müller qui avait servi de dramaturge et de librettiste à Schubert*.” (*G. Stadelmaier, FAZ, 22/01/2002).