Wolfgang Rihm / Franz Schubert
Sotto Voce / Rosamunde...
Wolfgang Rihm
Trois créations françaises
Sotto Voce
nocturne pour piano et petit orchestre (1999)
Styx und Lethe
pour violoncelle et orchestre (1997/98)
In-Schrift pour orchestre (1995)
et
Franz Schubert
Rosamunde
Trois extraits : musique de ballet n° 1, n° 2 et entracte n° 3
Alain Planès, piano
Lucas Fels, violoncelle
Baseler Sinfonietta
Direction, Emilio Pomarico
Durée : 75'
Cycle Wolfgang Rihm
Wolfgang Rihm aime intégrer, embrasser, aborder des zones stylistiques hétérogènes (ce qu'il appelle composer par «inclusion», non par «exclusion») : il y a chez lui des pièces douces et presque tonales, comme Sotto voce, et des musiques âpres et violentes, comme Tutuguri, qui doit traduire quelque chose de la diction abrupte de la voix d'Artaud lui-même. S'il peut aborder des styles aussi différents (et il fait penser en cela à Picasso), c'est qu'il est confiant dans sa propre force : «J'ai la vision d'un grand bloc de musique qui est en moi. Chaque composition est à la fois une partie de ce bloc et une physionomie précise à sculpter. Afin de voir qui je suis, je dois couper dans ma propre chair, m'ouvrir, demander ensuite à un miroir ce qu'il voit».
Son œuvre (plus de trois cents titres à ce jour...) est ainsi comme une immense fonderie, mais où le foisonnement des allusions remplace les citations nostalgiques des postmodernes. La source profonde de cet art est un certain rapport à la matière instrumentale. Rihm compare toujours son activité à celle d'un peintre ou d'un sculpteur – masses à dégager, couches à gratter qui font apparaître un fond, éclaboussures et signes. «Il n'y a pas de musique sans émotion, répète-t-il, mais pas d'émotion sans complexité». Simplement, chez lui, c'est la matière qui est complexe, la pesée des ingrédients, des combinaisons orchestrales, des vernis, des empâtements, des transparences : une musique qui tire son impact de la couleur. Car, dit le compositeur, avant d'écrire, «je prends chaque son dans mes mains».
Martin Kaltenecker