Kim Kum-Hwa

Le chamanisme – croyance qui se caractérise par le culte de la nature, des esprits et les pratiques divinatoires et thérapeutiques telles que la transe et l’extase – est présent dans la plupart des formes traditionnelles artistiques et demeure l’une des clefs pour comprendre la société coréenne.
Personnage social entre tous, convoquée avant l’inauguration d'une nouvelle tour à Seoul ou par une famille désireuse d'apaiser l’esprit de ses ancêtres, la chamane, élue à ce titre par hérédité ou désignation divine, voit et révèle dans la transe ce que l’assemblée réunie saura interpréter avec son concours.
Ces rituels (gut) spectaculaires requièrent la présence d’un grand nombre d’assistants, chamanes et musiciens qui officient devant des autels chargés d'offrandes (viande, galettes de riz, fruits), entourés d'images peintes. «Le chamane est ainsi un acteur qui assume tous les rôles, dialogue avec l’Invisible, chante, danse, monte pieds-nus sur les lames du hache-paille, bref, se montre en spectacle tout en accomplissant son sacerdoce ». (J et G. T. Park) .
Kim Kum-Hwa, trésor national, est née en 1931 dans la province de Hwanghae – aujourd’hui en Corée du Nord. Elle est l’une des mudang les plus célèbres de Corée et ses gut, lorsqu'ils sont retransmis par la télévision nationale, sont suivis par des millions de téléspectateurs. Elle s'est engagée dans la défense des droits de la femme et milite pour la réunion des familles séparées par la guerre entre les deux Corée(s).
Un rituel chamanique commence par la mise en place des images peintes et des autels. Toujours soutenues par la musique (percussions et instruments à vent), plusieurs phases se succèdent : rite de purification, invocation des esprits du lieu, des généraux mythiques, rite du passage de l'âme ; ainsi la chamane se charge des maux pour en libérer autrui. Le charisme de Kim Kum-Hwa, la sincérité de son engagement, la grâce et la fluidité de ses mouvements, confèrent à ses rituels une exceptionnelle intensité et une rare dimension artistique.