Anselm Kiefer
Shebirat Kelim
Le Bris de vases divin
Anselm Kiefer
Shebirat Kelim, Le Bris de vases divins (2000)
Commande de la Délégation aux Arts plastiques - Ministère de la Culture et de la Communication, Festival d'Automne à Paris
avec le soutien de Pierre Bergé
Fasciné par le judaïsme, Anselm Kiefer a, tout au long de son oeuvre, exploré le thème de la Kabbale avec la même insistance que celui de la germanité, du cosmos...Ce sont cinq tableaux de 9,40 m sur 5,10 m (toiles sur châssis). Illustrant différentes étapes de la Kabbale qu'il présente dans le choeur de la chapelle de la Salpêtrière. Cinq tableaux aux titres éloquents : Pour Robert Fludd, Tsimtsum (la contraction de la lumière), Emanation, Schechina, (figure féminine de Yahweh), Shebirat Kelim. Autant de courants ésotériques ou de formes de spiritualité traversés par les strates d'une archéologie picturale composée de plomb, de verres brisés, de vêtements sur lesquels s'est déposée la poussière du temps et qui affleurent sous l'opulente surface du tableau.
Ici le spectacle de la peinture, le passage de l'idée au tableau est indissociable de la chapelle, espace de méditation. Il confirme la volonté de Kiefer de transmettre un art qui soit aussi une morale. Dans les nefs latérales, sont disposées deux sculptures, vingt ans de solitude et navire sur pile de plomb, ce plomb dont une partie provient de la toiture de la cathédrale de Cologne récupéré par Kiefer lors de sa destruction, intervient dans nombre de ses oeuvres. Matière de la transmutation, métal associé à Saturne (dieu de la fertilité agraire) et planète de la mélancolie, ce plomb, dont la ductilité permet maintes utilisations a toujours été pour Kiefer, ainsi qu'il aime à le rappeler, un vecteur des idées.