Tadashi Kawamata
Installation de Tadashi Kawamata
1 janvierjan.
Une installation de Tadashi Kawamata
pour la Chapelle Saint-Louis de la Salpétrière
"Juste un activiste", dit-il de lui-même. Tadashi Kawamata est un plasticien d'interventions. Ni sculpteur ni architecte, ce Japonais de 42 ans opère dans chacun de ses travaux - les premiers datent du début des années 70 - un passage entre l'art de bâtir et celui de créer des formes en trois dimensions. "Passage" est d'ailleurs l'un des mots-clés de son univers intérieur, de son mode d'expression. Ponts sans rivière, couloirs qui ne mènent nulle part, mais aussi faux kiosque à journaux ou faux arrêt de bus, Kawamata sème au coeur de la vie urbaine ses constructions dysfonctionnelles (l'architecture fonctionnelle : rengaine du modernisme d'après-guerre) toujours construites aux dimensions de leurs modèles dans le même matériau : le bois. Non pas le bois poli de l'architecture japonaise traditionnelle. Mais le bois rugueux de planches mal équarries, ici disjointoyées, là entremêlées à même le sol comme allumettes géantes. Ainsi de l'église détruite qu'il entreprit de "déconstruire" au coin d'une rue pour la Dokumenta de Kassel. Ainsi des favelas vides qu'il planta, un temps, au pied des gratte-ciel de Houston, Texas. Cancer de ces bidonvilles venus narguer, par la volonté d'un artiste, l'opulence d'une ville. Arrogance des grandes cités exhibées sous un éclairage violemment critique. Asservissement non violent de l'architecture à l'art. "Fusionné à l'environnement", cet art sait aussi s'approprier un bâtiment. La Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière va connaître cette fois le pouvoir du geste de Kawamata : à la fois constructeur et dénonciateur.