Pierre Henry

Pierre Henry inventa la musique concrète avec Pierre Schaeffer, tout de suite après la guerre. Il n'a jamais cessé de lui être fidèle. Vinyle, bande magnétique, numérique, les supports ont changé, l'enjeu reste le même : puiser dans la vie réelle - concrète - des "prises" enregistrées, montées ensuite comme un film, puis métamorphosées en une symbolique intime. Pulvérisant au passage le carcan du concert. Pierre Henry pratique en solitaire cette "musique des machines". En sorcier. Quarante-cinq ans d'activité, des opus en nombre impressionnant, des succès discographiques comparables à ceux de la variété : sa vie est une "vie de sons". Sa maison - il y a son studio - est une "maison de sons" où s'alignent sur des étagères, dûment baptisés, datés et répertoriés, tous ces sons qu'il a fabriqués, traces d'une archéologie personnelle d'où sont sorties et sortiront encore les oeuvres de son catalogue. Depuis quelques années, sans l'avoir fait savoir, Pierre Henry exerce ses activités sur des circuits électriques semi-conducteurs, ustensiles de ménage, chaussons, chapeaux, cordes de piano. Le mur du jardin, la cave, les escaliers, les chambres et le bureau sont envahis aujourd'hui par ses objets. Donc, la maison de Pierre Henry, c'est lui. Pendant un mois, quarante personnes y ont accès chaque soir. Par des haut-parleurs visibles ou cachés, elles découvriront à la fois une nouvelle oeuvre et une nouvelle manière de l'écouter. De l'intérieur.