Klaus Michael Grüber

Cycle Arnold Schoenberg

Archive 1995
Musique
1/2

Arnold Schoenberg
Erwartung, opus 17
Livret de Marie Pappenheim
avec Anja Tilla, lanis Martin, soprano
Mise en scène Klaus Michael Grüber
La Nuit transfigurée, opus 4

d'après un poème de Richard Dehmel
Chorégraphie Anne Teresa de Keersmaeker
Décors, Gilles Aillaud
Costumes, Rudy Sabounghi
Collaboration artistique, Ellen Hammer
Lumières, Vinicio Cheli
Orchestre Symphonique de La Monnaie, De Munt, Bruxelles
Direction Antonio Pappano

La scène du théâtre est pour Schoenberg le lieu même d'une contradiction majeure : la représentation y est forme de l'intériorité.
Erwartung
est une exploitation de l'inconscient - une quasi-analyse du compositeur lui-même; Moses und Aron expose le conflit de l'Idée et de sa représentation. De même, Verklärte Nacht et la Begleitsmusik reposent sur des "programmes" que la musique, dans son écriture comme dans sa forme, a absorbés. "Ne fais pas d'images" : cette exhortation biblique, mise en musique par Schoenberg dans ses Pièces pour choeur Opus 27, fonde (paradoxalement) son esthétique de l'opéra, et en permet les audaces (la forme du monologue intérieur, l'utilisation des lumières dans la construction dramaturgigue, le théâtre total). En visant au dévoilement de l'invisible, l'opéra schoenbergien intégre la forme et l'esprit de l'oratorio. Mais la quête spirituelle qui s'y inscrit renvoie à la situation de l'individu dans l'histoire, au combat de la conscience face à ce qui l'aliène et la mine. Pour Schoenberg, rejoint en cela par Luigi Nono et Bernd Alois Zimmermann, le regard sur le passé est intimement lié à la quête de l'inconnu, aux "tentatives innovatrices", aux "illuminations soudaines". Un peu à part, Von heute auf morgen réactive les codes de l'opéra traditionnel pour dénoncer les expédients d'une fausse modernité fondée sur l'utilisation superficielle de la tradition, et qui vivent tout juste "du jour au lendemain".

P. A.