Ernst Lübitsch / Chantal Akermann / Rebecca Horn / Kar Wai Wong / Hsiao Hsien Hou / Yimou Zhang / Chen Kaige / Edward Yang
Ernst Lubitsch / Chantal Akerman / Rebecca Horn / Cinéastes chinois d'aujourd'hui
Ernst Lubitsch
Die Bergkatze (1921)
lch möchte keinen Mann sein (1919)
Das Fidele Gefangnis (1919)
Die Austernprinzessing (1919)
accompagné au piano par Aloisha Zimmermann
Chantal Akerman
On associe souvent le nom de Chantal Akerman à plusieurs figures solitaires de la génération de la post-Nouvelle Vague (Jean Eustache, Philippe Garrel, André Techiné). Son penchant pour l'autobiographie, qui réapparaîtra dans News from home (1977), se manifeste dès son premier court métrage : Saute ma ville (1970). En 1971, un voyage à New York lui fait découvrir le cinéma indépendant américain et donne lieu à son premier long métrage Hôtel Monterey. C'est avec Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles (1975) que Chantal Akerman attire l'attention admirative de la critique et du public pour ce récit épuré, quasi documentaire, de trois jours d'une femme interprétée par Delphine Seyrig. Se consacrant plus nettement à la fiction, elle tourne des films aussi différents que Les Rendez-vous d'Anna (1978), Toute une Nuit (1982), Golden Eighties (1986), Nuit et Jour (1991). Ses deux dernières oeuvres alternent le documentaire et la fiction autobiographique : D'Est (1993) et Portrait d'une jeune Fille de la fin des années 60 à Bruxelles (1994). Elle vient de terminer le tournage de son dernier long métrage de fiction Un Divan à New York ...
Rebecca Horn
Dès son premier court métrage intitulé Einhorn/La Licorne, Rebecca Horn a tissé un lien étroit entre film et oeuvre plastique ; depuis 1970, elle a réalisé quatorze films dont trois longs métrages. Après plusieurs films de documentation de performances - aujourd'hui conservés dans des boites conçues par l'artiste et montrées dans ses dernières expositions - elle réalise, de 1740 à 1976, plusieurs films sur scénario qui mettent en scène l'inextricable conjugaison dans son univers personnel du rêve et de la réalité. A partir de 1978, la narration prend une part prépondérante : Eintänzer, La Fernandina puis Buster's Bedroom (1989-90) intègrent les installations et les machines dans la poursuite d'un récit vécu par des personnages récurrents et enclins aux métamorphoses, clés d'une mythologie autobiographique. Le principe de frontalité théâtrale ou de circularité labyrinthique laissent le spectateur "médusé" par la beauté de la mise en scène de ces rituels.
Chen Kaige
Zhang Yimou
Deux cinéastes qui mêlent esthétique et politique au coeur de la Chine Populaire et qui ont atteint une reconnaissance internationale.
Hou Hsiao Hsien
Edward Yang
Deux auteurs taïwanais qui à travers leur exploration intime des racines de leur pays et leur vision de la société contemporaine offrent un profond renouvellement du langage cinématographique.
Il y a une dizaine d'années, quand l'occasion se présentait de faire allusion aux cinématographies de Chine, de Taïwan ou de Hong Kong, il était pratiquement inévitable de recueillir une réaction d'incrédulité, d'incompréhension,voire d'indifférence abyssale (malgré un numéro spécial des Cahiers sur Hong Kong, dès 1984). Aujourd'hui, grâce à quelques prix recueillis sur le devant de la scène internationale et surtout à l'effort considérable de quelques passeurs (comme Olivier Assayas par exemple, qui écrit ici-même sur Edward Yang), nul n'ignore plus les films de Zhang Yimou ou de Chen Kaige, beaucoup ont vu Chungking Express de Wong Kar-wai, les plus en avance connaissent même Hou Hsiao-hsien et son Maître de marionnettes. Si le degré de (re)connaissance de ces films a évolué, c'est que les cinéastes eux-mêmes se sont affirmés, que leur trait s'est fait plus net, plus précis, que les générations commencent à se renouveler et qu'on s'aperçoit en définitive que l'horizon du cinéma, son point de modernité si l'on veut, se situe sans oute quelque part dans cette région du monde. En dix ans, il s'est donc passé beaucoup de choses. A Taïwan, une Nouvelle vague a émergé vers 1984, avec Edward Yang et Hou Hsiao-hsien comme chefs de file. Aujourd'hui, une deuxième génération s'impose avec Hou Hsiao-ming (L'Ile du chagrin, vu à Cannes cette année) et Tsai Ming-liang (Vive l'amour). A Hong-Kong, à côté du cinéma des studios, le style très personnel d'indépendants comme Stanley Kwan (encore pratiquement inconnu) ou Wong Kar-wai s'est révélé. Quant à la Chine Populaire, malgré les difficultés politiques persistantes, elle a tout de même laissé s'épanouir le cinéma de Chen Kaige ou de Zhang Yimou et n'empêche pas vraiment l'éclosion de celui de jeunes auteurs comme Zhang Yuan et Ning Ying (seule femme de cette programmation) ou celui de Jiang Wen, célèbre acteur chinois auteur d'un seul film, Des jours éblouissants. Cette programmation ambitieuse, conjointement organisée par les Cahiers du cinéma et le Festival d'Automne, nous donnera donc l'occasion unique de jeter un regard panoramique sur tous ces auteurs, un regard à la fois rétrospectif et prospectif qui permettra d'évaluer la singularité des démarches et leur résonance avec la part la plus inventive du cinéma mondial. Elle nous fera aussi rencontrer des cinéastes importants Chen Kaige, Edward Yang, Hou Hsiao-hsien, Stanley Kwan et quelques autres et une célèbre actrice de Hong Kong, Maggie Cheung, admirable chez Wong Kar-wai et Stanley Kwan, tous exceptionnellement présents à Paris pendant cette quinzaine (29 novembre12 décembre). Cette programmation suscitera enfin, dans la belle salle de l'UGC Ciné-Cité au Forum des Halles, des découvertes de films inédits ou peu connus dont beaucoup sont des oeuvres majeures du cinéma contemporain (par exemple, le magnifique Nos années sauvages de Wong Kar-wai, qui fait l'ouverture de cette manifestation et la couverture de ce programme). Révélation, découverte, nouveauté, tels sont les mots clés de cette quinzaine. Avis aux amateurs.., de géographie, et surtout de cinéma.
Thierry Jousse