Arnold Schoenberg
Cycle Arnold Schoenberg / La Main heureuse / L'Echelle de Jacob
Arnold Schoenberg
La Main heureuse, opus 18
Texte d'Arnold Schoenberg
L'Echelle de Jacob
texte d'Arnold Schoenberg
Laure Aikin, soprano
John Bröcheler, baryton
Donald Kaasch, ténor
Guy Renard, ténor
Albert Dohmen, baryton
James Johnson, baryton
Kurt Azesberger, ténor
Choeur de la Radio de Berlin
Direction, Robin Gritton
Orchestre Symphonique de la Radio de Baden-Baden, Südwestfunk
Direction, Michael Gielen
Musique pure, musique absolue, l'oeuvre d'Arnold Schoenberg plonge ses racines dans les grandes questions philosophiques et politiques de son temps : elle est une pensée musicale tout à la fois autonome et un protocole d'expériences individuelles ou collectives. Dans la musique de Schoenberg, les catégories esthétiques ne rachètent ni la douleur d'être, ni la violence de l'histoire, mais elles adoptent la forme de la non-réconciliation qui, chez Mahler et plus tard chez Alban Berg, provenait de la distanciation, de l'ironie, d'une sentimentalité volontairement naïve. Avec Schoenberg, la nostalgie et le caractère grinçant de la musique mahlérienne (qui seront repris plus tard par Berg) sont liés à l'élan novateur, à la dimension utopique; l'expressivité romantique et le style de la confession sont imbriqués à l'intérieur d'une pensée combinatoire et constructiviste des plus complexes.
Attaqué puis banni comme juif, combattu et interdit comme compositeur, Schoenberg avait le sens de sa "mission" et la conscience de son génie, ainsi qu'une haute idée de la musique et de l'oeuvre. Ses fondements éthiques et esthétiques sont : la vérité, - une vérité travestie aux yeux du compositeur par les esthétiques fin de siècle aussi bien que par le néoclassicisme stravinskyien, trahie par le nazisme comme par l'industrie du divertissement. C'est en son nom que Schoenberg lutta toute sa vie avec opiniâtreté. Il s'est plongé et il a plongé son oeuvre au coeur du brasier : cinquante ans après sa mort, la société se reconnaît toujours difficilement dans une musique qui, au lieu de sublimer la réalité, exacerbe ses contradictions.
Philippe Albèra