Peter Sellars

The Merchant of Venice

Le Marchand de Venise

Archive 1994
Théâtre
1/3

The Merchant of Venice
De William Shakespeare
Mise en scène, Peter Sellars
Costumes, Dunya Ramicova
Lumière, James F. Ingalls
Son, Bruce Odland
Dramaturgie, Richard Pettengill
Régie générale, Michèle Steckler
Régie plateau, Elizabeth Burgess
Avec David Anzuelo, Tyrone Beasley, Paul Butler, Lori Tan Chinn, Del Close, Richard Coca, Philip Seymour Hoffman, Dorcas M. Johnson, Portia Johnson, Midori Nakamura, Anjul Nigam, John Ortiz, Ernest Perry Jr., Joe Quintero, Rene Rivera, Carlos Sanz, Geno Silva, Elaine Tse

Il y a quatre siècles, à l'époque où le capitalisme moderne était inventé, Shakespeare écrivit une pièce qui demeure à ce jour la plus pénétrante, la plus terriblement franche analyse des racines économiques de notre racisme actuel. Il l'intitula non sans raison, Le Marchand de Venise. La Venise de Shakespeare est une cité internationale qui compte parmi ses partenaires commerciaux la Chine, l'Afrique, les Amériques et le monde arabe. La Venise dans laquelle je vis est Venice, Californie. En invitant des acteurs noirs pour interpréter les rôles des juifs, des acteurs asiatiques pour ceux de Portia et sa cour, et des latinos pour jouer les personnages des Vénitiens, je peux commencer à toucher la trame de la vie dans l'Amérique contemporaine, et la métaphore et la réalité de l'anti-sémitisme se trouvent développées pour englober certaines luttes parallèles ainsi que leurs résultats. Que voulons-nous dire lorsque nous parlons d'une dépression économique mondiale ? En période de crise, une clameur s'élève pour fermer les frontières, et le harcèlement systématique envers les «étrangers» se transforme en un dispositif pesant, donnant lieu à des actes effroyablement inhumains sous couvert d'une rhétorique faite d'attitudes et d'auto-satisfaction de haute moralité. L'homme qui appela son théâtre Le Globe écrivit sur une société multi-culturelle au sein de laquelle le racisme institutionnalisé permettait la subversion de la justice pour un avantage financier immédiat. Après nos célèbres procès, leurs verdicts effroyablement aveugles, les émeutes qui ont suivi et la crise qui va de l'avant, nous sommes bien au courant à Los Angeles des questions que Shakespeare traite; les amants quittent le tribunal pour célébrer leur victoire trompeuse, mais ils se sont déjà mutuellement menti. Leurs profits à court terme comme à long terme, leur mise en jeu romantique, seront hantés par le même aveuglement étrange qui permit leur manque de conscience sociale. En donnant à Portia ses prétendants avec le choix du coffret d'or, du coffret d'argent et du coffrer en plomb (et bien sûr, c'est le coffret en plomb qui contient le trésor), Shakespeare insiste sur le fait que la réalité ne peut être jugée selon les apparences et que la valeur ne peut être confondue avec l'argent. Dans un pays où le bien être est seul pris en considération, il n'y a pas de bien-être. Avec une surprenante habileté théâtrale (mêlant tragédie, farce, histoire d'amour et énoncé des droits de l'homme), la terrifiante petite comédie de Shakespeare invite une société brillante et éblouissante, rendue vertigineusement ivre par sa propre admiration d'elle même, à reculer en-deçà de l'oubli du consumérisme et de la tendance à s'élever à tout prix, pour se racheter dans l'amour, le risque, l'engagement et la générosité.

Peter Sellars, 7 avril 1994

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