Bruno Maderna / Luciano Berio / Philippe Fenelon / Iannis Xenakis / Marco Stroppa

Cycle Bruno Maderna / Heinz Holliger

Archive 1991
Opéra Bastille
1 janvierjan.

Bruno Maderna
Quartetto per archi in due tempi
Luciano Berio
Quartetto
Philippe Fénelon
Quatuor à cordes n°3
Iannis Xenakis
Tetora
Marco Stroppa
Spirali, pour quatuor projeté dans l'espace
Quatuor Arditti

Un musicien accompli, la musique incarnée : Bruno Maderna (1920-1973).
On ne peut dissocier en lui le chef d'orchestre et le compositeur, et on ne peut parler du musicien Maderna sans parler de l'homme. Chez lui, art et vie étaient inséparables.
Il naît à Venise. A l'âge de douze ans, il est présenté à l'Italie fasciste comme Brunetto, chef d'orchestre prodige. S'ensuivent alors des études de composition à Rome, des activités de partisan dans la Résistance, une période d'enseignement, la composition de musiques de films, commandes fort mal payées, et enfin la rencontre décisive avec le chef d'orchestre Hermann Scherchen, en 1948. Entretemps, le compositeur passe de l'influence de Stravinsky à celles de Bartok, Dallapiccola et Berg, tout en étudiant la musique ancienne de sa ville natale... En 1950, il a trente ans et s'est créé, déjà, son propre langage musical. A cette période, Maderna se rend aux cours d'été de Darmstadt, où il deviendra rapidement, en tant que chef et compositeur, un des animateurs les plus importants, défenseur infatigable des jeunes Italiens (Nono, Berio) aussi bien que des jeunes compositeurs du monde entier (dont Boulez, Pousseur, Kagel, Stockhausen, Xenakis). Il était "la générosité en personne" disait de lui son ami et ancien élève Luigi Nono.
Sa mobitité musicale et mentale lui permettait, lorsqu'il dirigeait, de passer de Mozart à Josquin, Gabrieli ou Schubert (dont il avait arrangé des oeuvres), de Bartok à Nono. Cette mobilité se retrouve dans ses propres compositions. La construction la plus rigide, les sonorités les plus raffinées n'excluent ni l'expressivité directe ni l'humour !
Bruno Maderna était un homme pragmatique, mais ce pragmatisme n'était pas une solution de facilité. Ses vastes connaissances du passé et du présent se basaient sur une ferme conscience de l'histoire et un profond sens de sa responsabilité. Esprit d'ouverture, soif de vivre le présent sans le détacher de son héritage, existence et conscience européennes : c'est par ces aspects que Bruno Maderna, ses oeuvres comme sa personne acquièrent aujourd'hui une telle actualité.
Jürg Stenzl