Luigi Nono / Bruno Maderna

Concert I / Cycle Luigi Nono

Archive 1987
Théâtre du Châtelet
1 janvierjan.

La Grande Aulodia (1970)
Pour flûte, hautbois et orchestre
Bruno Maderna
Il Canto Sospeso (1956)
Sur des lettres de condamnés à mort de la Résistance européenne
Pour soprano, contralto, ténor, choeur mixte et orchestre
Luigi Nono
Avec Susanna Rigacci, Béatrice Mathez-Wüthrich, Mario Bolognesi
Choeur et Orchestre de La Rai, Turin
Direction, Hans Zender

Luigi Nono s'est tracé une voie solitaire, radicale, idéaliste, une voie étroite et périlleuse. Elle est à l'image de l'homme que les photos révèlent : cette inquiétude impénétrable, cette sombre fragilité, et une détermination presque violente, une force contenue. Par son évolution récente, Nono a surpris ceux qui avaient interprété sa démarche de façon souvent trop dogmatique (il y a parfois contribué lui-même !) : à l'image du militant, on a substitué celle du mystique. On veut ainsi figer une nouvelle fois une pensée en mouvement, à la recherche de son moment de vérité, et où les figures du passé témoignent pour le temps présent, où la mémoire nourrit l'utopie, où les thèmes de la vie intérieure sont liés aux gestes expressifs de l'action. En insistant aujourd'hui sur la problématique de l'écoute, Nono veut nous rendre attentifs aux voix oubliées, réprimées, censurées, aux voix secrètes ou inconnues, aux voix intérieures, auxquelles sa musique donne leur envol. Ses dernières oeuvres, pareilles à de mystérieuses célébrations, à des rituels compliqués et étranges, exigent que nous abandonnions nos préjugés, et que nous percions leur énigmatique transparence.

Philippe Albèra