Georges Lavaudant

Maître Puntila et son valet Matti

Archive 1978
Théâtre Mogador
1 janvierjan.
1/3

Maître Puntila et son valet Matti
de Bertolt Brecht
Mise en scène, Georges Lavaudant
Adaptation, Michel Cadot
Décor et costumes, Jean-Pierre Verdier
Musique, Patrick Garel, "Cactus" et Gérard Maimone

Depuis très longtemps, peut-être par rapport à un certain nombre de nos spectacles du type La mémoire de l'iceberg, L'éducation sentimentale ou Palazzo mentale, nous avions très fortement envie de nous plonger dans une matière qui serait le "réel" (le réel comme opposé à la fiction c'est-à-dire un ensemble complexe où est à l'oeuvre la politique, l'actualité, le social, un certain type de personnages, etc).
D'autre part, depuis les débuts du théâtre partisan, et ensuite du C.D.N.A., nous étions et restons très attentifs à ce qu'a fait Brecht aussi bien dans ses pièces que dans ses théories sur le théâtre ou dans ses positions en tant qu'homme de théâtre à l'intérieur de la société.
Après Palazzo donc, l'idée de marquer un écart maximum s'est trouvée reformulée. C'est ainsi que nous avons choisi de travailler sur Maître Puntila et son valet Matti, désir de traverser Brecht avec un de ses textes les moins ambigüs apparemment. Un vieux projet oui, mais qui nous faisait un peu peur dans la mesure où, dès le départ, nous pensions que s'il y avait encore un message brechtien, ce n'était pas de monter des pièces de Brecht mais de reprendre le flambeau de sa théorisation et de sa pratique, à savoir : faire le théâtre d'aujourd'hui et s'inscrire dans le mouvement artistique d'aujourd'hui.
Ainsi étions-nous ramenés avec ce type de réflexion brechtienne à Palazzo. Dès lors, monter un texte de Brecht est devenu pour nous un autre problème, à savoir : travailler sur son écriture, sur sa langue, etc... Dans ce cadre, aucune raison de ne pas considérer Brecht comme un "classique" et de lui faire subir tous les questionnements possibles. Il n'y a pas à proprement parler chez nous l'envie de se placer sous une paternité quelconque (Brecht, Artaud, Stanislaski et quelques autres) mais dans des spectacles comme Lorenzaccio ou le Roi Lear il y avait déjà des procédés qui relevaient très typiquement de la distanciation brechtienne ou du geste brechtien, ou encore d'une certaine analyse de la fable telle qu'il la pratiquait.
Le nouveau pour nous est donc de travailler directement sur son texte et non plus sur l'appareillage pratique et critique dont il entourait ses productions.
Georges Lavaudant