Aperghis / Berio / Kagel / Schnebel / Stockhausen...
Degré Second / Intégrale Webern
1 janvierjan.
1 janvierjan.
Degré Second, Intégrale Webern
Webern, Schnebel, Kagel, Berio, Aperghis, Stockhausen...
"L'oeuvre de Webern est aujourd'hui définitivement sortie de la clandestinité dans laquelle elle a vécu pendant presque toute la première moitié du siècle. -Le message de ce musicien du silence, que ni l'indifférence de ses contemporains, ni les décrets totalitaires ne purent annihiler, est aujourd'hui universellement entendu. La vie de Webern fut retirée, vie pauvre d'évènements dont le seul instant exceptionnel fut peut-être le dernier. Mais sans doute Webern fut-il de ceux-là qui, selon son contemporain Rilke, portent en eux, comme une oeuvre secrète, cet ultime instant. Né en 1883 à Vienne, Webern fait des études musicales d'abord orientées vers la musicologie. De 1904 à 1908, il est l'élève de Schoenberg - c'est la rencontre décisive de sa vie. Répétiteur, puis kapellmeister de divers théâtres de province, il s'établit à Vienne, où il dirige la chorale d'une association ouvrière. Après l'avènement du nazisme, Webern, interrompt toute activité publique ; son art est d'ailleurs jugé "décadent" et mis à l'index. Il se retire alors à Medling, près de Vienne, où il vit principalement de leçons. Le 15 septembre 1945, dans le village de Mittersill, près de Salzbourg, où il s'était replié, alors qu'il était sorti sur le pas de la porte, à l'heure du couvre-feu, il fut tué par une sentinelle américaine. Il est significatif que son oeuvre, de son vivant, ne provoqua pas de scandale, tant elle paraissait sans rapports avec tout critère musical concevable ; elle fut simplement ignorée. Et d'ailleurs, comment ces pièces, d'une brièveté inouïe, auraient-elles pu provoquer des protestations ? Elles n'en avaient pas le temps. Sortie du silence, passant, furtive, au bord du silence pour y retourner aussitôt, l'oeuvre de Webern ne se révèle qu'à ceux qui veulent la saisir. Au lendemain de la guerre, sa musique, tournée vers l'avenir, devenait, avec celle de Schoenberg et de Berg, la pierre angulaire d'une nouvelle création. On peut dire que l'oeuvre de Webern est la charnière de deux périodes historiques, le "seuil de la musique nouvelle" selon les mots de Boulez. Si c'est par ses oeuvres dodécaphoniques que Webern a joué le rôle de maître à penser de lamusique sérielle d'après guerre appelée non sans raison "post-webernienne", ses oeuvres d'avant le dodécaphonisme n'en sont pas pour autant moins significatives. On peut même dire que celles-ci, par la souplesse de leur langage, par leur extrême tension, apparaissent souvent plus proches de la pensée musicale actuelle que les oeuvres postérieures."
André Boucourechlie
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