Richard Linklater

Richard Linklater est né en 1960 à Houston, au Texas, Etat auquel il est toujours resté fortement attaché et dans lequel il a tourné bon nombre de ses films. Depuis ses débuts en 1985, il a réalisé vingt-six films et une série télévisée. Icône du cinéma indépendant américain contemporain, Richard Linklater s’attache au passage du temps, à la culture suburbaine texane, aux instants insaisissables qui échappent aux contraintes de la vie adulte, aux histoires de coming of age. Ses films prennent souvent pour protagonistes des personnages adolescents basculant lentement vers l’âge adulte. Il est également connu pour sa grande fidélité envers ses collaborateurs, travaillant avec la même monteuse, Sandra Adair, sur tous ses projets, ainsi qu’avec les chefs opérateurs Lee Daniel et Shane F. Kelly, et surtout sa troupe d’acteurs fétiches : Ethan Hawke, Julie Delpy, Matthew McConaughey, Jack Black, ou encore Patricia Arquette. Richard Linklater est un autodidacte. Enfant, il passe sa scolarité entre Huntsville et Bellaire et rêve d’être écrivain. Vers vingt ans, il quitte l’Université de Houston où il étudie l’anglais pour travailler sur une plateforme pétrolière au large du Golfe du Mexique. Lors de ses séjours sur terre, il fréquente un ciné-club de Houston et se découvre une passion pour le cinéma. Linklater s’achète une caméra Super 8 et quitte son travail. Désireux d’étudier le cinéma, il intègre l’Université Communautaire d’Austin. En 1985, il fonde avec son ami et collaborateur Lee Daniel, l’Austin Film Society, un ciné-club destiné dans un premier temps à découvrir des films entre jeunes cinéphiles. C’est à cette période qu’il réalise quelques courts métrages documentaires, son premier long-métrage, It’s Impossible to Learn to Plow by Reading Books, tourné en Super 8, puis son premier succès, Slacker en 1991, qui suit la journée de jeunes et de marginaux vivant à Austin.
Il serait difficile de cantonner Linklater à un genre. Depuis ses premiers films expérimentaux et contemplatifs des excentricités de la société texane, jusqu’à ses fresques acclamées par les festivals et la critique internationale (la trilogie des Before, Boyhood), en passant par les comédies populaires (Dazed and Confused, School of Rock) et le film de science-fiction animé par rotoscopie (Waking Life, A Scanner Darkly), le réalisateur expérimente de nombreux genres sans jamais abandonner les thèmes qui lui sont chers. Malgré quelques collaborations avec de grands studios, Linklater a toujours refusé de s’installer à Hollywood et préfère travailler depuis Austin, sa ville d’adoption, où il a fondé sa propre société de production, Detour Film production. Avec le temps, l’Austin Film Society est devenue un véritable lieu de culture vivante, à la fois salle de cinéma, fondation d’aide à la production du cinéma local, qui délivre notamment des bourses aux jeunes cinéastes, et organisme de coordination de programmes éducatifs dans les écoles. Depuis la fin des années 90, l’AFS possède également ses propres studios, les Austin Film Studios, construits dans les hangars de l’ancien aéroport d’Austin.
Le traitement du temps intéresse tout particulièrement Richard Linklater, qui en a fait la véritable matière de son cinéma, travaillée dans l’ensemble de sa filmographie, notamment dans ses deux œuvres les plus emblématiques que sont la trilogie des Before (1995 ; 2004 ; 2013) et Boyhood (2014). Avec la série des Before, le spectateur retrouve à trois reprises le même couple (incarné par Julie Delpy et Ethan Hawke), le temps d’une seule nuit ou d’une seule journée, à neuf ans d’intervalle à chaque fois. Au total, dix-huit ans de vie sont passés entre le premier et le dernier volet et ont permis à Linklater de creuser l’évolution de ses personnages, coécrits avec ses deux acteurs. Boyhood est un exemple unique en son genre et une des entreprises les plus folles de l’histoire du cinéma : un film de fiction, tourné pendant douze ans, avec des acteurs enfants, dont la propre fille du cinéaste, Lorelei Linklater, qui joue la sœur de Mason, le personnage principal interprété par Ellar Coltrane. Un moyen sensible et inédit d’enregistrer le passage de l’enfance à l’âge adulte. On pourrait également citer des films comme Slacker (1991) ou Dazed and Confused (1993), qui restituent l’esprit d’une époque tout en jouant sur un resserrement temporel, l’histoire se déroulant l’espace d’une journée vécue intensément.
Alors que son nouveau film, Bernadette a disparu (2019, avec Cate Blanchett), s’annonce, Richard Linklater présente la rétrospective intégrale de ses films et une exposition au Centre Pompidou, qui lui a également passé commande d’un autoportrait filmé.


Richard Linklater au Festival d'Automne