Lina Majdalanie et Rabih Mroué
Nés au Liban dans les années soixante, Lina Majdalanie et Rabih Mroué tracent depuis une trentaine d’années un sillon très particulier sur les scènes du Moyen-Orient, d’Europe, et du continent américain. L’édition 2024 du Festival d’Automne les met à l’honneur à travers un Portrait, offrant une traversée fascinante dans une œuvre singulière et protéiforme, comprenant deux nouvelles créations, dont un duo avec Anne Teresa De Keersmaeker, cinq « conférences non académiques » et la reprise de six spectacles emblématiques datant de 2002 à 2019. Le duo a rapidement opté pour des formes de spectacles-performances, brouillant à dessein la frontière entre réalité et fiction. Dans un parti pris qui n’est pas sans évoquer la tradition orientale des veillées de conteurs, il y a toujours une histoire au cœur de chaque représentation. Histoires, récits, anecdotes, toujours inspirés de faits réels, généralement puisés dans le contexte de la société libanaise, traversée depuis des décennies par des crises politiques et des conflits armés, à la fois prisonnière d’archaïsmes sectaires et en proie aux problématiques existentielles les plus contemporaines. Légèreté et auto-dérision sont omniprésentes dans une confrontation impassible, organique, avec les faits et la disparité des opi-nions et comportements. Rien n’oriente explicitement la réflexion. Libre à nous d’y voir la vérité. Ou non.
Lina Majdalanie
Actrice, autrice et metteuse en scène libanaise résidant à Berlin, Lina Majdalanie a écrit et dirigé plusieurs pièces, dont Biokhraphia (2002), Appendice (2007), Photo-Romance (2009), 33 rpm and a few seconds (2012), Borborygmus (2019), Sunny Sunday (2020) et Hartaqāt (2023) en collaboration avec Rabih Mroué. Elle a aussi réalisé la vidéo I had a dream, mom en 2006 et Lina Saneh Body-P-Arts Project, un projet de site Internet (2007) transformé en installation en 2009. Son travail interroge la citoyenneté, la place de l’être humain dans l’espace public, et, plus spécifiquement, celle du corps à l’ère de la mondialisation, d’Internet, de l’image virtuelle et de la société de surveillance. Lina Majdalanie exerce également la fonction de commissaire d’exposition pour des projets tels que Motion-Less (Tanz-quartier, Vienne, 2009), Vues (Kunsthalle, Mulhouse, 2015), Beyond Beirut (Mousonturm, Frankfurt, 2016), Relatively universal (HAU, Berlin, 2017) et No One’s Land (Claiming Common Spaces V, Mousonturm-Frankfurt, 2023). Elle a enseigné dans différentes universités à Beyrouth et à la Haute Ecole d’Art et de Design à Genève de 2008 à 2013, à DasArts à Amsterdam en 2012 et à Goethe University à Frankfurt, en 2016 et en 2021.
Rabih Mroué
Rabih Mroué est né à Beyrouth au Liban, en 1967 et vit actuellement à Berlin. Acteur, metteur en scène, artiste visuel et dramaturge, il a écrit et dirigé plusieurs pièces, dont Who’s afraid of representation (2005), How Nancy wished that everything was an April fool’s joke (2007), Photo-Romance (2009), 33 rpm and a few seconds (2012), So little time (2016), Borborygmus (2019), Sunny Sunday (2020) et Hartaqāt (2023) en collaboration avec Lina Majdalanie. Son travail, à la croisée du théâtre, de la performance et des arts plastiques, brouille les frontières entre réalité et fiction, utilisant vidéos, photographies et documents historiques afin de remettre en question l’hégémonie des archives. Il contribue également à la rédaction de The Drama Review (New York) et est cofondateur du Beirut Art Center (BAC). Rabih Mroué a aussi été membre du Centre international de recherche : Interweaving Performance Cultures, Freie Universitat à Berlin en 2013-2014. Puis, de 2015 à 2019, il fut metteur en scène au Münchner Kammerspiele en Allemagne. Ses créations ont été présentées dans de nombreux pays, notamment au musée Reina Sofia à Madrid, au MoMA à New York ou au Centre Pompidou à Paris.
Cet automne
Lina Majdalanie et Rabih Mroué au Festival d'Automne