Bertolt Brecht / Heiner Müller

La Résistible Ascension d’Arturo Ui

Archive 2012
Théâtre
1/2

 

La Résistible Ascension d’Arturo Ui
de Bertolt Brecht

Mise en scène, Heiner Mü̈ller 
Scénographie et costumes, Hans Joachim Schlieker 
Collaboration mise en scène, Stephan Suschke 
Lumière,  Ulrich Eh  
Assistante mise en scène, Nicole Felden 
Souffleuse,  Eva-Maria Bö̈hm 
Régisseuse plateau, Angelika Ritter 
Directeur technique, Stephan Besson
Sculpture, Jurij Mirtschin 
Chef costumière et responsable des maquillages, Barbara Naujok 
Masques, Ulrike Heinemann 
Son, Alexander Bramann 
Musique, Schubert, Paperlace, Verdi, Liszt, A. v. Klebsattel, Mozart et Wagner
 
Avec Martin Wuttke,  Martin Schneider, Volker Spengler, Martin Seifert, Stefan Lisewski, Jürgen Holtz, Margarita Broich, Roman Kaminski, Michael Gerber, Veit Schubert, Michael Rothmann, Uli Pleßmann, Thomas Wendrich, Detlef Lutz, Jörg Thieme, Axel Werner, Heinrich Buttchereit, Michael Kinkel, Victor Deiß, Uwe Preuss, Ruth Glöss, Uwe Steinbruch, Larissa Fuchs, Stephan Schäfer 

Production Berliner Ensemble
Coréalisation Théâtre de la Ville-Paris ; Festival d’Automne à Paris
Dans le cadre du Tandem Paris-Berlin organisé à l’occasion des 25 ans d’amitié entre les villes de Paris et de Berlin
En partenariat avec France Inter
Spectacle créé en 1995 au Berliner Ensemble (Berlin)

 

En écrivant La Résistible Ascension d’Arturo Ui en pleine montée du nazisme alors qu’il vit lui-même en exil aux États-Unis, Bertolt Brecht s’attaque bien sûr à Hitler. Il a vu le film de Chaplin, Le Dictateur, et à son tour, il utilise l’arme du rire pour dresser un portrait du tyran en bête féroce.
Soit la montée en puissance d’un gangster sans scrupule et pratiquement illettré qui par son alliance avec le trust du chou-fleur instaure un règne de terreur dans la ville de Chicago. Quand il met en scène la pièce en 1995 avec Martin Wuttke (acteur emblématique du Berliner Ensemble qu’on retrouvera également lors de cette édition dans Artaud se souvient d’Hitler et du Romanische Café) dans le rôle d’Arturo Ui, c’est précisément de cette violence sarcastique dont Heiner Müller, disparu en 1995, souhaite rendre compte. Müller l’a souvent répété, ce qui l’intéresse avant tout dans l’œuvre de Brecht, c’est ce qu’il appelle « la ligne gothique ».
Seize ans après sa création à Berlin, cette mise en scène frappe par la justesse de sa démonstration face à la tentation de céder aux sirènes d’une extrême droite en voie de « normalisation ». Soulignant comment l’idéologie fasciste a su enrôler l’image au service de sa propagande pour envahir les consciences jusqu’à les déformer, le corps de l’acteur devient à la fois signe et parodie quand il se transforme en swastika. Qu’un tyran soit aussi un bandit minable, un malade bourré de tics, un psychopathe, rappelle aussi comment le pouvoir entretient parfois des liens étroits avec le monde de la pègre. Hitler, ridiculisé sous les traits d’Arturo Ui, devient à travers l’interprétation de Martin Wuttke une bête dangereuse prête à toutes les monstruosités.

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