Jean-Louis Hourdin
Woyzeck
Woyzeck
de Anton Buchner
Mise en scène de Jean-Louis Hourdin
Traduction Jean Jourdheuil
Décors de Serge Marzolff et Jean Percet
Büchner n'ayant pas achevé son Woyzeck, la première question qu'il convient de se poser est par quelle scène commencer ?
Le choix de la scène d'ouverture décide, pour l'essentiel, de l'interprétation de la pièce. Commencer par la scène "Capitaine/Woyzeck" (comme dans l'opéra), c'est vouloir mettre l'accent sur l'oppression subie par Woyzeck. Commencer par la scène "Dans les champs. La ville au loin" (première scène selon le manuscrit 4) c'est vouloir traiter, raconter chronologiquement le fait divers dont Büchner aurait fait une pièce. Or, Il me semble que Büchner n'a pas voulu tenir un discours sur l'oppression. Je ne crois pas non plus que Büchner ait voulu raconter un fait divers au théâtre. Büchner n'a pas écrit une pièce relevant du théâtre du fait-divers quotidien comme, un siècle et demi après lui, Kroetz, Speer, ou Fassbinder. Son ambition est plus élevée, scientifique, philosophique, simplement humaine aussi : la folie comme condition et limite de la liberté. La jalousie chez lui est cosmique, et l'amour l'occasion d'une utopie.
J. Jourdheuil