Luigi Nono // Franz Liszt

Canti di vita e d’amore. Sul ponte di Hiroshima / Eine Faust-Symphonie

Archive 2014
Salle Pleyel
3 octobreoct.
1/2

Luigi Nono, Canti di vita e d’amore. Sul ponte di Hiroshima
Franz Liszt, Eine Faust-Symphonie
Anu Komsi, soprano
Andrew Staples, ténor
Orchestre Philharmonique de Radio France
Chœur d’hommes de Radio France
Sébastien Boin
, chef de chœur
Tito Ceccherini remplace Mikko Franck, direction

Coproduction Radio France ; Festival d’Automne à Paris Avec le soutien de Mécénat Musical Société Générale et de la Fondation Ernst von Siemens pour la musique
Même programme : Festival de Laon (Cathédrale) le 1er octobre à 20h30 (réservation au 03 23 20 87 50)
France Musique enregistre ce concert

Trois thèmes constituent les Canti di vita e d’amore (Chants de vie et d’amour) de Luigi Nono : la destruction de masse, l’individu supplicié et l’espoir incertain, mais impatient.
De dramatiques blocs orchestraux évoquent d’abord les 200.000 morts d’une bombe que maudit à jamais, sur un pont à Hiroshima, le chant d’un homme au visage et aux mains meurtris par les radiations. Un voile dissimule son visage et une serre d’acier pince, au lieu des doigts, les frêles cordes de son instrument. Selon Nono, empruntant aux considérations sur l’âge atomique du philosophe Günther Anders (1902-1992), la mort nucléaire lance un avertissement et condamne notre aveuglement face à l’apocalypse.
Dans le deuxième mouvement, intense et pure monodie, la soprano soliste donne voix à la résistante algérienne Djamila Boupachà, symbole de vie, d’amour et de liberté, en lutte incessante contre l’oppression coloniale et la torture que lui infligèrent des militaires français.
Quelques vers de Cesare Pavese (1908-1950) jalonnent le dernier mouvement, chant d’allégresse aux cordes frappées et aux vibrantes résonances des cloches et des métaux, pour dire l’amour, non hors de la réalité, mais « dans la conscience de la vie ». Là où Nono est un musicien de l’utopie politique, contestant l’idée d’un humanisme naïf car impuissant, Franz Liszt déploie, dans Eine Faust-Symphonie, une pensée spirituelle de la rédemption, l’image céleste de la paix et de la sérénité. Sa maîtrise de longs développements à partir de simples motifs, voire d’intervalles nus, n’a d’égal que la virtuosité orchestrale de ces trois portraits psychologiques d’après Goethe : Faust, Gretchen et Mephistopheles, figure de la négation qui se limite par conséquent à distordre et détruire les thèmes antérieurs. Mais à l’âge atomique, interroge Günther Anders, n’est-il pas déjà mort ce Faust qui se rêvait Titan ?