Leonor Antunes the homemaker and her domain

[Arts Plastiques]

Installées dans la chapelle de l’école des Beaux-Arts de Paris et la Maison André Bloc de Meudon, les sculptures de Leonor Antunes, artiste portugaise vivant à Berlin, charrient avec elle les pratiques d’artistes, souvent des femmes, du XXe siècle.

Leonor Antunes ne part pas de rien. L’inspiration, comme celle qui aurait guidé des générations d’artistes blancs, mâles et occidentaux « qui créent de l’Être à partir de rien » (Linda Nochlin, 1971), n’est ni sa motivation, ni sa logique esthétique. Au contraire, pour elle la sculpture est une pratique collective, une fabrication toujours collaborative. Car elle met en jeu un réseau d’affinités ou plutôt de capillarités fantomatiques, ressurgies depuis les zones d’ombre du XXe siècle à partir de recherches à chaque fois approfondies : pour cette exposition, les séjours au Bauhaus (1930-1932) de la Japonaise Michiko Yamawaki et au Japon (1940-1942, 1953-1955) de Charlotte Perriand. Cela veut dire que Leonor Antunes ne travaille pas « sur » – à partir d’un point de vue surplombant – mais « avec » des artistes d’une modernité excentrique et intergénérationnelle. Celles-ci ont parcouru un trajet pour à la fois affirmer leur autonomie de vie et trouver leurs interdépendances, notamment avec des usages, des matériaux ou des modes d’assemblage indigènes ou locaux. Travailler « avec », pour Leonor Antunes, cela veut aussi dire traduire, déplacer, transposer, transgresser dans une relation temporaire à un lieu d’exposition, où s’affirment à la fois la présence matérielle des sculptures et celle de l’espace qu’elles rythment, auquel elles servent de partition ou de transition.