Nadia Beugré L’Homme rare
Carte blanche - Indétachable

[Danse]

À travers un quintet exclusivement masculin, Nadia Beugré défie les assignations de genre comme le regard du spectateur. Empruntant ses formes à des danses urbaines qui redéfinissent les codes de la virilité, la chorégraphie se fait sensuelle, intense et critique, comme un hommage rendu à ces hommes d’exception.

Nadia Beugré a toujours abordé en creux les questions de genre dans son travail. Pour la première fois, cette interrogation se fait plus frontale. Dans L’Homme rare, elle met en scène cinq danseurs venus de différents horizons chorégraphiques dont elle interroge la masculinité, depuis les corps qu’on leur suppose jusqu’aux qualités de mouvements auxquels on les assigne. Pour les déconstruire, la chorégraphe procède à des opérations de renversement ou de neutralisation de ces codes genrés qui passe par un travail du bassin, des reins et des fessiers inspiré de certaines danses urbaines. Montés sur talons, n’apparaissant que de dos, les interprètes assouplissent et ondulent leurs corps pour réorienter le regard du spectateur qui, émancipé de ses filtres de lecture habituels, peut alors s’observer en train de voir. L’interrogation sur son voyeurisme s’ouvre alors à une réflexion plus large sur tous nos regards coupables. Réification des corps-marchandises ou supériorité usurpée de l’observateur sur l’exécutant, Nadia Beugré bat en brèche toutes les attitudes de domination qui œuvrent à travers l’exercice de l’œil. Sa dernière création met ainsi en évidence nos inconscients visuels, de ceux qui fondent le regard colonial ou le male gaze, pour mieux en contrarier les effets discriminants. Lieux d’expression des différences et des libertés individuelles, L’Homme rare offre enfin un contrepoint chorégraphique à l’idéologie du corps standard, idéalisé, prisonnier des normes sociales qui le formatent.  
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Carte blanche :
Sam. 19 juin
Indétachable
De Eric DjeDje GBADIE
Avec Monne Dorine Doua, Anoura Aya Labarest, Lou Irie Tomini, Eloi Hortence N’da.
Durée : 40 min
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Quatre femmes se saisissent de la scène pour prendre (faire ?) place, revendiquer, partager et déconstruire une féminité assignée à travers le vocabulaire et l’énergie du Roukasskass et du coupé-décalé, deux danses populaires ivoiriennes surtout pratiquées par les hommes.