Georges Delnon, Mark André

…22,13…

Archive 2004
Musique
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“Musiktheater-Passion” en trois parties, pour quatre groupes instrumentaux, sept chanteuses et live-electronics
Conception et musique (1999-2004),
Mark André, Création en France
Mise en scène et scénographie, Georges Delnon
Dramaturgie, Jürg Stenzl
Lumière, Patrick Fuchs
Costumes, Marie-Thérèse Jossen
avec Jasmin Etezadzadeh (soprano et actrice), Katja Bördner (soprano),Christina Röckelein, Stephanie Renda, Alexandra Gießler, Vanessa Barkowski, Sibylle Kamphues (altos)
Yve Poprawski, Yoko Tani, Katherina Vasiliadis, Peter Knieser, Alvin Mosioma, Felix Pielmeier (acteurs)
Orchestre du Staatstheater Mainz
Direction, Peter Hirsch
Réalisation live-electronics et régie du son, Mark André, André Richard, avec Joachim Haas et Reinhold Braig/Experimentalstudio de la Fondation Heinrich Strobel, SWR/Freiburg

Coproduction Biennale de théâtre musical contemporain /Munich, Staatstheater/Mayence, en collaboration avec Experimentalstudio de la Fondation Heinrich Strobel, SWR/Freiburg
Représentations à Paris : coproduction Opéra National de Paris, Festival d’Automne à Paris

…22,13…, ou 13e verset du chapitre 22 de l’Apocalypse de Jean, le dernier livre de la Bible, d’une beauté abrupte, sauvage, aux impénétrables symboles. Il dit : « Je suis l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin. » Cet alliage d’inconciliables, cette identité paradoxale de Dieu, est la source première de l’“opéra” de Mark André. À l’affût de nos fantômes, il nous propose une ouverture à la méditation, l’épelle, la creuse et l’allège en inscrivant en elle-même son propre déchiffrement : choc métaphysique à partir du choc musical.
Pour incarner cette réflexion et penser la perception, l’œuvre s’appuie sur trois socles : le film d’Ingmar Bergman, Le Septième Sceau (autre référence à l’Apocalypse), où  le chevalier perd sa partie d’échecs contre la Mort ; la joute entre Kasparov et l’ordinateur IBM Deep Blue qui le défait (ce combat pour l’humanité, véritable Passion, se modèle sur le timing des parties, structure temporelle de la pièce) ; enfin, le “train fantôme”, un chemin de croix qui conduisit 900 déportés de Toulouse à Dachau en 1944.
Disposée autour des spectateurs, la musique pense cet infini menaçant : gorgée de masses sombres lacérées de fortissimos, contrepointée de textes bibliques chuchotés par 7 chanteuses – le tout différencié et approfondi par la transparence de l’électronique –, elle est dramatisée encore par la mise en scène : peuplée, ou très peu, d’espèces humaines, son échiquier mobile cache l’invisible et ne montre que lui.
Jean-Noël von der Weid