Alain Sechas

Les Somnambules

Archive 2002
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Alain Séchas
Les Somnambules
Commissariat : Jean-Marc Prévost (inspecteur à la Délégation aux arts plastiques)
Réalisation technique : Frédéric Pain, Didier Warin
Coordination technique : Sallandyn Khatir
Techniciens : Claude Cuisin, Bernard Chopin, Eric Hennaut
Remerciements à l'aumônerie de la Chapelle, à l'association des Amis de la Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière et aux services de l'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière
Commande de la Délégation aux arts plastiques (Cnap) et du Festival d’Automne à Paris
Avec le soutien de Guy de Wouters, de Pîerre Bergé et le concours de la Caisse des dépôts et consignations

« Des chats et des martiens, il y en a partout, c’est pour ça que je les dessine, pour qu’on s’en souvienne encore plus, pour se dire qu’on ne pourra jamais tirer un trait dessus, même double. Contre tous les Big Brothers de la planète ! Yeah ! »
« Je suis moraliste. Pour moi, art égale responsabilité »
Alain Séchas
Le premier chat rencontré par Alain Séchas est sans doute celui qui logeait dans son nom comme celui de Lewis Caroll au fond de sa théière. Dans ce voisinage domestique réside peut-être l’une des raisons de cette troublante humanité et de cette immédiate présence qui vient à l’esprit du visiteur, lorsqu’il rencontre l’animal anthropomorphe dessiné par l’artiste.
Depuis 1996, date à laquelle ils sont apparus dans son œuvre, toujours sur papier avant d’être moulés ou sculptés dans le polystyrène, les chats de Séchas prennent la parole pour interpréter les comportements sociaux, les angoisses, les désirs et les tares d’une humanité qui, à l’occasion, emprunte aussi sa tête ou son corps à des martiens, des serpents, des vaches, des araignées ou des hommes à tête d’homme.
Si le dessin reste pour Séchas le médium premier d’une démarche qui vise à saisir et redonner le réel et sa pensée dans l’instantanéité de ses mouvements, la sculpture, le film d’animation ou le tableau de néons sont également utilisés. La diversité des moyens ne doit cependant pas masquer la constance du but recherché : un saisissement qui n’exclut pas une certaine violence et puisse interroger chacun sur sa capacité à voir.
Si les dessins et les installations de Séchas empruntent souvent la forme et le mécanisme du gag, l’humour qui s’y déploie est assurément grinçant. Qu’on songe pour s’en convaincre à ce dessin où des visiteurs de musée s’exclament « génial » face au pendu qu’ils viennent de découvrir dans l’une des salles. Le philosophe Adorno écrivait : « Les traits habilement absurdes ou idiots des œuvres d’arts radicales d’aujourd’hui, qui agacent tant les esprits positifs, sont moins une régression à un stade infantile qu’un procès comique qu’elles font au comique ». Ce retournement en dernière instance de l’humour, qui dénonce la complicité que le rire entretient avec son objet est l’une des clefs du travail d’Alain Séchas.
L’installation qu’il réalise pour la Salpêtrière met en scène trois chats ensommeillés se poursuivant sans jamais parvenir à se rejoindre. Un rêve éveillé né dans un lit à baldaquin monumental, cousin de hasard de celui réalisé par le Bernin à St-Pierre-au-Vatican.