Tadeusz Kantor
Qu'ils crèvent les artistes
© © Marc ENGUERAND
© © Marc ENGUERAND
Qu'ils crèvent les artistes
revue de Tadeusz Kantor
Dans cette sphère de la mort il arrive que soudain, comme à l'heure de la mort, apparaissent des clichés de l'enfance. Mon enfance. Celui-ci sur le lit de mort, c'est moi-mourant, et le petit soldat appelé par moi sur la scène sur son tricycle (sur mon tricycle) - c’est moi-même lorsque j'avais six ans.
Dans sa suite : des généraux comme dans des rêves d'enfants. Une suite fidèle qui le protège et avec laquelle il joue.
Dans cette sphère de la mort, il arrive que renommée et gloire de la nation apparaissent comme des figures du couronnement mortuaire et comme désintégration de la mort. Dans cette sphère de la mort il arrive que pendant que nous cherchons dans la vie quelque chose d'identique au rituel de la mort, l'enterrement, nous le trouvons dans le concept de prison... comme devant la tombe ouverte... se referment derrière lui les portes de la prison... Dans cette sphère de la mort, il arrive que sur cette image de l'oeuvre d'art de cette expression la plus noble de l'esprit humain, s'impose impitoyablement le cliché de la prison et de la torture.
Tadeusz Kantor, le 22 mai 1985
Extrait du texte publié dans le programme intitulé « comment naquit la pièce de théâtre ».
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